Le quartier de La Chapelle, dans le XVIIIème arrondissement de Paris, où de nombreux vendeurs à la sauvette prospèrent, abrite par ailleurs depuis plusieurs années de nombreux migrants de passage. | JOEL SAGET / AFP

Quelques centaines de personnes se sont rassemblées, jeudi 25 mai, place de la Chapelle, dans le nord de Paris, pour défendre l’image de ce quartier populaire à la suite de la parution d’articles de presse faisant état de harcèlement de rue à l’encontre de femmes.

« Il ne s’agit pas de nier, à travers ce rassemblement, les problèmes de sexisme ou de violence qui peuvent exister dans le quartier », a expliqué l’un des organisateurs, Romain Prunier, qui s’investit notamment auprès des migrants. « Mais, contrairement à ce qui a pu être écrit, les femmes ne souhaitent pas déserter la Chapelle ! On ne veut être ni angélique ni caricatural. » Une polémique est née en fin de semaine dernière, après qu’un article du Parisien eut fait état de harcèlement de rue à l’encontre de femmes, rapidement soutenu par une pétition.

Exagéré

Le quartier de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de la capitale, où la délinquance est réputée prospère, abrite par ailleurs depuis plusieurs années de nombreux migrants de passage. « C’est vrai, beaucoup de gens stationnent là, ne font rien, parfois vendent de la drogue », constate Rabbani Kham, qui dirige une association d’intégration pour les Bengalis.

« Mais dire que les femmes ne peuvent plus circuler, je trouve ça exagéré : s’il y a de la violence, de la délinquance, des vols de portable, par exemple, tout le monde est visé », estime-t-il. « Beaucoup de nos compatriotes ont été battus par des délinquants », fait-il observer, en regrettant « la saleté du quartier » et « le manque de logements ».

Le rassemblement s’est déroulé dans le calme à partir de 18 heures, aux cris de « la Chapelle solidarité, pour tous, avec les sans-papiers ».

De nombreuses femmes participant au rassemblement ont fait part de leur « stupéfaction » de lire les articles parus dans la presse depuis une semaine. « Quelles femmes se plaignent ? Ça fait dix-sept ans que je vis ici, il ne m’est rien arrivé! », dit Chantal, fringante quinquagénaire, alors qu’Anita se dit « surtout agressée par la misère, mais pas les migrants ».

Juliette, la trentaine, rencontrée dans une rue adjacente, tempère :

« La situation n’est pas aussi caricaturale que l’article du “Parisien”, mais c’est vrai qu’on se fait souvent emmerder par des hommes massés autour de la station de métro, qui occupent l’espace public. »

Vendredi, la ville de Paris et la préfecture de police avaient reconnu « un sentiment d’insécurité » parmi les femmes dans le quartier, affirmant y avoir déployé « un dispositif dédié ».