Les militaires sont très présents à Taormine (Sicile), le 24 mai 2017, deux jours avant le sommet du G7. | Orietta Scardino / AP

Un immense amphithéâtre de pierre construit au IIIsiècle avant notre ère sur un promontoire de deux cents mètres de haut, faisant face à la mer et au volcan l’Etna… Difficile d’imaginer cadre plus grandiose que Taormine, commune de la ville métropolitaine de Messine en Sicile (Italie), pour le sommet international du G7, les 26 et 27 mai.

Bien sûr, les préparatifs ont été quelque peu chaotiques, mais les dizaines d’ouvriers, qui s’activaient encore moins d’une semaine avant l’arrivée des délégations, n’avaient pas la moindre inquiétude. Dans la rue principale, qui monte jusqu’au centre historique, le goudron est encore chaud et la peinture encore fraîche, mais tout sera prêt à temps. Et la photographie de famille, vendredi 26 mai au matin, sera superbe.

Née de la volonté de l’ancien premier ministre Matteo Renzi, qui avait annoncé ce choix le 4 juin 2016, affirmant réagir à une pique d’un dirigeant occidental qui lui avait lancé, lors d’un précédent sommet, qu’en Sicile il n’y avait que la mafia, l’organisation du G7 n’est pas allée sans difficulté. Les 45 millions d’euros de travaux annoncés par l’Etat italien ne sont arrivés qu’au compte-gouttes et les contretemps administratifs se sont multipliés, si bien que les préparatifs n’ont véritablement commencé qu’en avril.

Plus de 8 000 militaires déployés

« Renzi affirmait qu’il voulait faire connaître Taormine au monde entier, mais en avait-on vraiment besoin ? Le site est tout petit, et il est déjà visité par des millions de touristes chaque année », soupire Rodolfo Barbera, un militant de gauche local, opposé à la tenue du sommet :

« Et puis, il y a tellement d’autres urgences en Sicile. Par exemple, l’autoroute de Catane à Taormine a été parfaitement nettoyée, parce que les grands de ce monde vont l’emprunter, mais trois kilomètres après la ville, sur la route de Messine, on continue à rouler sur deux voies depuis plus de vingt ans à cause d’un éboulement pour lequel les travaux n’ont jamais été faits ! »

Les forces de sécurité sont particulièrement visibles à Taormine (Sicile), le 22 mai 2017, à quelques jours du sommet du G7. | GIOVANNI ISOLINO / AFP

Etroit et escarpé, le site semblait également trop petit pour accueillir un sommet international. En revanche, il s’est avéré relativement facile à sécuriser. Desservi par une seule route et un funiculaire, le centre historique de la ville, qui compte en hiver moins de 5 000 habitants, est en état de siège depuis lundi, avec le déploiement de plus de 8 000 militaires. De nombreux hôtels, situés dans la « zone rouge », ont eu la mauvaise surprise d’apprendre, voilà plusieurs semaines, qu’ils devraient annuler leurs réservations, tandis qu’étaient installés à l’entrée du site des détecteurs de métaux.

« Même le cimetière est fermé, on n’aura même pas le droit de mourir ! »

« Mardi matin, les personnes qui travaillaient dans le centre avaient trente à quarante minutes d’attente avant d’entrer, affirme Rodolfo Barbera, qui détaille les nuisances causées par le sommet aux habitants. Il n’y aura pas d’entrées à l’hôpital pendant trois jours, les médecins sont réquisitionnés. Même le cimetière est fermé, on n’aura même pas le droit de mourir ! Ma fille vit dans le centre-ville ; depuis plusieurs jours, on lui demande sans cesse des laissez-passer. De jeudi à dimanche, elle pourra à peine bouger. Elle n’aura même pas le droit de sortir les poubelles. »

Le président Trump dormira en mer

Particulièrement drastiques à Taormine et dans ses environs, les mesures de sécurité s’étendent à l’île entière. Les débarquements de migrants en Sicile sont suspendus depuis lundi, tandis que les contrôles ont été renforcés sur le détroit de Messine.

Il s’agit aussi de décourager les manifestations antisommet, très redoutées depuis les débordements occasionnés par la tenue du G8 à Gênes, en 2001. Après des semaines de tergiversations, un cortège a été autorisé à défiler dans l’après-midi du samedi 27 mai à Giardini-Naxos, la station balnéaire située en contrebas de Taormine.

La voiture blindée de Donald Trump trop large pour les ruelles de la ville

L’étroitesse du site a par ailleurs posé des problèmes insolites aux services de sécurité américains, la voiture blindée de Donald Trump étant trop large pour les ruelles de la ville. Le président américain Donald Trump dormira donc en mer, à bord d’un navire de l’US Navy, et se rendra sur le site en hélicoptère : des soldats du génie italien ont construit à la hâte un héliport en bas de la vieille ville, aux premiers jours du mois de mai.