Cinquante ans après leur légalisation, les unions entre Noirs et Blancs sont les moins répandues. | JOSH HANER / THE NEW YORK TIMES REDUX-REA

Sur le papier, l’affaire semble entendue. Seule une toute petite minorité d’Américains blancs (14 %) verrait d’un mauvais œil un de leurs proches épouser un(e) Noir(e). Une évolution fulgurante par rapport à l’année 1990, où 63 % d’entre eux étaient opposés à un mariage « interracial », selon la terminologie américaine. Et cette ouverture d’esprit serait partagée par l’ensemble des communautés (noire, hispanique et asiatique), selon une étude du Pew Research Center, publiée le 18 mai.

Pas étonnant, donc, qu’en 2015, 670 000 jeunes mariés aient convolé avec une personne d’une autre origine ethnique, portant le nombre d’unions mixtes à 17 % de l’ensemble des mariages célébrés cette année-là aux Etats-Unis – un record.

Cinquante ans tout juste après la légalisation sur l’ensemble du territoire des mariages entre Noirs et Blancs, récemment évoquée dans le film Loving, de Jeff Nichols, une page de l’histoire des Etats-Unis semble doucement se tourner : en 1967, seuls 3 % des couples comptaient des conjoints de différentes origines.

Certains préjugés persistent

Pourtant, à y regarder de près, des disparités demeurent et certains préjugés du passé semblent persister. En amour, les Asiatiques et les Hispano-Américains sont les plus enclins à franchir la frontière de leurs communautés respectives, choisissant principalement leur époux chez les Américains blancs.

C’est le cas pour près d’un jeune marié d’origine asiatique sur trois (29 %) et pour 27 % des Hispaniques. Cette proportion tombe à 18 % pour les Afro-Américains, mais la montée en puissance est spectaculaire : ils n’étaient que 5 % en 1980. De même, seuls 11 % des jeunes mariés blancs créent un couple mixte (à comparer aux 4 % en 1980).

Globalement, le modèle d’union mixte le plus répandu comprend un conjoint blanc et un Hispanique (42 %), suivi des couples « Asiatique-Blanc » (15 %). Malgré une acceptation sociale en hausse, les mariages entre Noirs et Blancs restent donc en retrait, avec seulement 11 % des unions. Les couples « Noir-Hispanique » représentent, eux, 5 % de l’ensemble.

Le genre, le niveau de diplôme, la nationalité constituent d’autres sources d’inégalités devant le mariage mixte. Alors qu’un homme noir sur quatre nouvellement marié a épousé une femme d’une autre communauté, ce n’est le cas que pour 12 % des femmes noires.

La tendance est inverse pour les époux d’origine asiatique. Dans cette communauté, 36 % des femmes qui ont convolé en 2015 ont choisi un époux non asiatique, contre 21 % des hommes.

Par ailleurs, les personnes diplômées, vivant dans les grandes villes, sont plus enclines à conclure une union mixte. Dernier frein majeur : la nationalité. Chez les Asiatiques et les Hispaniques, les personnes qui n’ont pas la nationalité américaine sont bien moins susceptibles d’épouser un conjoint d’une autre origine.