• ON ATTEND AUJOURD’HUI :

Deux cinéastes se font face, vendredi 26 mai, pour l’avant-dernier jour de la compétition (le dimanche, jour de la cérémonie du palmarès, aucun film n’est projeté et le jury, présidé cette année par Pedro Almodovar, délibère) : le dernier des quatre Français en lice — après Robin Campillo, Michel Hazanavicius et Jacques Doillon —, François Ozon, avec L’Amant double, qui réunit les acteurs Jérémie Renier et Marine Vacth ; et l’Allemand d’origine turque Fatih Akin, avec Aus dem Nichts (In the Fade), avec Diane Kruger. A noter que le film de François Ozon sort en salles aujourd’hui, simultanément à sa projection cannoise.

L’actrice Diane Kruger et le réalisateur Fatih Akin pour le film « Aus dem Nichts » (« In the Fade ») au 70e Festival de Cannes, le 26 mai 2017. | ALBERTO PIZZOLI/AFP

Tous deux sont des habitués du Festival de Cannes, avec de nombreuses sélections à leur actif. François Ozon a déjà présenté deux films en compétition : Swimming Pool, en 2003, et Jeune et jolie, déjà avec Marine Vacth, en 2013. Il a également participé à la section Un certain regard avec Le temps qui reste, en 2005, et est venu hors compétition avec Un lever de rideau en 2006. Fatih Akin a déjà présenté trois films au Festival de Cannes : Crossing the Bridge – The Sound of Istanbul, en 2005, hors compétition ; De l’autre côté (Auf der anderen Seite), en 2007, en compétition ; Müll im Garten Eden, en 2012, en séance spéciale.

  • DU CÔTÉ DES CRITIQUES :

En compétition jeudi, le film des frères Josh et Benny Safdie, Good Time, est l’une des bonnes surprises de cette 70e édition, notamment pour le rôle inoubliable de gangster angélique qu’ils offrent à Robert Pattinson, sans doute son meilleur à ce jour. Pour Thomas Sotinel : « Jusqu’ici, l’ex-star de Twilight, qui a renoncé au cinéma de studio pour des projets indépendants souvent audacieux (le dernier en date étant The Lost City of Z., de James Gray), ne tenait qu’une note par personnage, certes pas toujours la même. Pour les Safdie, Pattinson a étendu son registre. Pitoyable puis terrifiant, charmeur puis lubrique, il est un ange. Un ange de la mort qui se prend pour un ange gardien. »

Pour Jacques Mandelbaum, la véritable révélation de ce 70e Festival est Tesnota, le premier long-métrage d’un tout jeune réalisateur russe, Kantemir Balagov, né en 1991 à Naltchik, capitale de la république caucasienne de Kabardino-Balkarie. Présenté dans la section Un certain regard, ce film « où se télescopent la montée des antagonismes ethniques, la tragédie familiale et le polar évoque le James Gray de Little Odessa ».

Deux autres films ont attiré l’attention des journalistes cinéma du Monde : Makala, un documentaire français d’Emmanuel Gras, projeté à la Semaine de la critique, qui a d’ailleurs été récompensé par le Grand Prix Nespresso jeudi. Pour Mathieu Macheret : « La caméra d’Emmanuel Gras, réalisateur qui assure aussi la prise de vues de ses films, ne cesse de transfigurer les situations dont elle témoigne, pour leur conférer un souffle et une flamme qui savent puiser, quand il le faut, à l’imaginaire de la fiction, ou, pour être plus précis, des grandes mythologies ­humaines ». Et I Am Not a Witch, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le premier film de Rungano Nyoni, une jeune réalisatrice native de Zambie et vivant au pays de Galles, dans laquelle Jacques Mandelbaum voit « sous le signe de l’élégance graphique et de l’humour fin, une belle promesse de cinéma ».

  • DU CÔTÉ DES REPORTEURS :

Clarisse Fabre a eu un long entretien avec le photographe et cinéaste Raymond Depardon, dont le documentaire 12 Jours, sur l’hospitalisation psychiatrique sans consentement, a été présenté en séance spéciale. Il y aborde notamment la place des documentaires dans la compétition cannoise : « Les autres festivals, Berlin, Venise, ont fait entrer le documentaire en compétition. Est-ce que ce blocage est français ? Mais je pense qu’un jour on y arrivera. Et on mettra les juges en robe longue ! »

Laurent Carpentier a rencontré à la fois une star hollywoodienne, l’actrice Kirsten Dunst, qui a tourné pour la quatrième fois avec Sofia Coppola, dans Les Proies, et un personnage moins connu du grand public, le chanteur et acteur David Boring-Esteban, leader du groupe Naive New Beaters, qui a mis de l’ambiance à la soirée L’Oréal-Paris sur la plage du Majestic à Cannes. Il a également assisté à une table ronde « Spiritualité et Cinéma » autour du cinéaste Wim Wenders pour un projet coproduit par le Vatican, Un homme de confiance, une série d’entretiens menés par le réalisateur avec le pape mêlés d’images d’archives.

Isabelle Regnier, quant à elle, a rencontré le tout jeune réalisateur russe de Tesnota, Kantemir Balagov :

« Vingt-cinq ans. Un visage d’ange. Un éparpillement de fines lignes brisées tatoué le long du bras droit. Il faut y voir deux âmes — l’une qui s’accroche à lui, l’autre qui veut le fuir — ou deux personnalités — l’une terrienne, l’autre qui regarde vers le ciel. Le garçon s’appelle Kantemir Balagov et gageons ici qu’il n’a pas cessé de faire parler de lui. Il est l’auteur de “Tesnota”, divine révélation, comme on espère chaque année que le Festival nous en offrira au moins une, et dont on avait fini par penser que ce ne serait pas pour cette fois. »
Lire la gazette de la Croisette #8 : Deux frères, Depardon et « Twin Peaks »
  • DU CÔTÉ DE LA PHOTO :

Les réalisateurs Josh et Benny Safdie à Cannes, le 25 mai 2017. | STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

Le réalisateur Kantemir Balagov à Cannes, le 24 mai 2017. | STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

  • DU CÔTÉ DE LA VIDÉO :

Cannes 2017 : David Lynch réinvente « Twin Peaks »
Durée : 03:31