LA LISTE DE NOS ENVIES

Au menu, ce week-end : de la danse avec Alain Platel à Bobigny et Mourad Merzouki à Paris ; la Cendrillon de Joël Pommerat de retour au Théâtre de la Porte-Saint-Martin ; une double exposition consacrée à François Morellet à la galerie Kamel Mennour ; les grandes soirées des Nuits sonores dans les anciennes usines Fagor-Brandt à Lyon et « Cannes à Paris » au Gaumont-Opéra.

DANSE. Alain Platel inaugure la MC93 rénovée à Bobigny

Pour fêter la réouverture de la MC93 après trois ans de travaux et signer l’esprit de sa programmation, Hortense Archambault a parié sur la danse, « langue des corps qui parle à tous », en invitant le chorégraphe et metteur en scène belge Alain Platel avec sa nouvelle pièce pour neuf interprètes, Nicht Schlafen.

Le grand plateau, dans sa froideur sombre, quasi minérale, est l’écrin parfait pour ce spectacle aux éclats coupants. Ses cadavres de chevaux encastrés les uns dans les autres, œuvres de Berlinde De Bruyckere, s’auréoleront d’une plasticité plus proche du tableau que du charnier en conservant leur intensité inconfortable.

Sur ce terrain, la note excessive de cet opus ne fait que culminer dans des pics de brutalité, de corps tordus, cassés, vrillés, comme Platel les sublime sur scène depuis ses débuts, dans les années 1990. Avec un tour de vis de plus dans la virtuosité de la souffrance qui laisse pantelant. Rosita Boisseau

MC93, 9, boulevard Lénine, Bobigny. Vendredi 26 mai à 18 heures, samedi 27 à 20 heures. De 9 € à 25 €.

THÉÂTRE. Pour voir ou revoir la sidérante « Cendrillon » de Joël Pommerat, à Paris

Deborah Rouach, la « Cendrillon » de Joël Pommerat. | CICI OLSSON

C’est une merveille de spectacle pour petits et grands que reprend aujourd’hui le Théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris, avec la Cendrillon de Joël Pommerat. L’auteur-metteur en scène n’a pas son pareil pour s’emparer de contes universels – avant Cendrillon, il avait déjà signé un Petit Chaperon rouge et un Pinocchio mémorables, qui tournent toujours –, et les restituer de manière très personnelle et très contemporaine.

Joël Pommerat ne raconte pas d’histoires, ni aux enfants ni aux adultes. Le conte est cruel, mais de manière détournée. Si Cendrillon est une splendeur qui nous parle du deuil et de l’apprentissage de la vie, c’est justement parce qu’il détourne tous les clichés du merveilleux traditionnel, lesté d’une bonne dose de mièvrerie.

De la magie, pourtant, il y en a, dans ce spectacle d’une beauté sidérante : une magie purement théâtrale, qui ne triche pas avec la vie. Fabienne Darge

Théâtre de la Porte Saint-Martin, 18, boulevard Saint-Martin, Paris-10e. Tél. : 01-42-08-00-32. Du mardi au samedi à 20 h 30, et un dimanche sur deux à 16 heures. De 21 € à 41 €.

ARTS. L’oulipien François Morellet à la galerie Kamel Mennour, à Paris

L’une des œuvres présentées dans le cadre de l’exposition « Cholet-New York. François Morellet with Ellsworth Kelly, Sol LeWitt, Fred Sandback, Frank Stella » à Paris. | JULIE JOUBERT/GALERIE KAMEL MENNOUR

François Morellet est mort il y a un an, à l’âge de 90 ans, mais il n’avait ­jamais pris le temps de vieillir. Cette superbe double exposition, présentée dans les deux lieux de la galerie Kamel Mennour à Paris, fait encore une fois la preuve de sa malice dépourvue de toute naïveté et de son amour du jeu, fût-il le plus sévèrement mathématique. Elle met en dialogue le plus oulipien des minimalistes français avec ses confrères d’outre-Atlantique, dévoilant leurs échanges plastiques mais aussi leurs conflits d’intérêts dans les années 1960 et 1970.

Côté Saint-André-des-Arts, la galerie Mennour met en écho les digressions autour de la grille du Français avec celles de l’Américain Sol LeWitt, ponctuée de jolis hommages d’Ellsworth Kelly au couple Morellet. L’annexe de la galerie, rue du Pont-de-Lodi, fait, elle, éclater en majesté la complicité entre ses valses de néons géométriques et un somptueux carré mis en abyme par le peintre Frank Stella. Le tout magnifié sans grandiloquence aucune avec un simple fil noir de Fred Sandback qui parvient, l’air de rien, à composer un envoûtant volume dans l’espace. Emmanuelle Lequeux

Galerie Kamel Mennour, 47, rue Saint-André-des-Arts, Paris 6e, et 6, rue du Pont-de-Lodi, Paris 6e. Tél. : 01-56-24-03-63. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 17 juin.

SPECTACLE. Les uppercuts de Mourad Merzouki au Rond-Point, à Paris

« Boxe Boxe », du chorégraphe Mourad Merzouki. | M. CAVALCA

Un titre qui boxe deux fois, autant dire que ça fait mal. Le spectacle Boxe Boxe, créé en 2010 par Mourad Merzouki, directeur du Centre chorégraphique national de Créteil, s’offre une reprise à l’enseigne du Théâtre du Rond-Point, à Paris qui, décidément, aime la danse, et c’est une bonne chose.

Dans cette pièce emportée par huit danseurs et les quatre musiciens du Quatuor Debussy présents sur scène, Merzouki offre une vision détachée et rêveuse de ce sport passé au tamis de l’art chorégraphique. Le combat chauffe évidemment l’ambiance mais en se pimentant de burlesque.

Proche d’une carte postale atmosphérique dans son décor en fer forgé, Boxe Boxe surfe aussi sur l’apparat du Noble Art en jouant sur le choc visuel des gants, des punching-balls rouges qui explosent en l’air comme des ballons… Les partitions choisies par Merzouki et le Quatuor Debussy – Schubert, Ravel, Mendelssohn mais aussi Glenn Miller – enveloppent le plateau de douceur. R. Bo.

Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin-Roosevelt, Paris 8e. Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 heures. Jusqu’au 18 juin. 40 €.

FESTIVAL. Nuits sonores à Lyon

Floating Points - Silhouettes (Official Video)

Si la fête de clôture de Nuits sonores de Lyon et les programmations diurnes confiées à Nina Kraviz et Jon Hopkins sont complètes, il reste des places pour les grandes soirées organisées dans les anciennes usines Fagor-Brandt, vendredi 26 et samedi 27 mai.

A la pointe des musiques électroniques et de la pop d’avant-garde, mais toujours soucieux de perspective historique, l’événement lyonnais propose une affiche aussi riche en nouveautés – Helena Hauff, Aurora Halal, Floating Points, Kink, Errorsmith… – qu’en figures mythiques : le saxophoniste américain Pharoah Sanders, le chanteur syrien Omar Souleyman (le 26) ; les Allemands d’Einstürzende Neubauten, les fêtards anglais des Chemical Brothers (le 27). Stéphane Davet

Anciennes usines Fagor-Brandt, angle rue Challemel-Lacour et boulevard de l’Artillerie, Lyon. Les 26 et 27 mai. 38 €. Programme complet : Nuits-sonores.com

CINÉMA. « Cannes à Paris » au Gaumont-Opéra

Festival de Cannes 2017 : « 120 battements par minute » de Robin Campillo, une fresque amoureuse et politique
Durée : 03:18

En ce week-end de clôture du 70e Festival de Cannes, le cinéma parisien Gaumont-Opéra propose une sélection de onze films sur les dix-neufs en compétition cette année pour remporter la Palme d’or.

Soit le thriller psychologique Mise à mort du cerf sacré, du cinéaste grec Yorgos Lanthimos, avec Colin Farrell et Nicole Kidman (vendredi à 18 heures), Le Redoutable, biopic sur Jean-Luc Godard par Michel Hazanavicius, avec Louis Garrel et Bérénice Bejo (vendredi 22 h 15), Vers la lumière, de la Japonaise Naomi Kawase (samedi à 13 h 15), La Lune de Jupiter, du Hongrois Kornél Mundruczó, entre tragédie (des migrants) et genre fantastique (samedi à 15 h 30), Happy End, de Michael Haneke, avec Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant et Mathieu Kassovitz, sur la vie d’une famille bourgeoise de Calais (samedi à 17 h 50), l’acclamé 120 battements par minutes, de Robin Campillo, sur les militants d’Act Up au début des années 1990 (séance complète à 20 heures le samedi, mais quelques billets seront vendus sur place…), Good Time, des frères new-yorkais Benny et Josh Safdie, avec Robert Pattinson et Jennifer Jason Leigh (samedi à 22 h 40). Et enfin le dimanche : Une femme douce, de l’Ukrainien Sergei Loznitsa (14 heures), Le Musée des merveilles, de Todd Haynes, avec Julianne Moore et Michelle Williams (17 heures), In the Fade, du réalisateur allemand d’origine turque Fatih Akin, avec Diane Kruger (19 h 30), et Faute d’amour, du russe Andrey Zvyagintsev (21 h 30).

Un film de la section Un certain regard est également au programme : L’Atelier, de Laurent Cantet, avec Marina Foïs (dimanche à 11 heures), comme deux des séances spéciales du festival : Nos Années folles, d’André Téchiné, avec Pierre Deladonchamps et Céline Sallette (vendredi à 20 h 10), et Le Vénérable, documentaire de Barbet Schroeder et dernier opus de sa « trilogie du mal » (samedi à 11 heures). Emmanuelle Jardonnet

Du 26 au 28 mai. Billets à réserver en ligne. Cinéma Gaumont-Opéra, 2, boulevard des Capucines, Paris 9e. Les séances en langue étrangère sont toutes en VO sous-titrée.