Le président Emmanuel Macron serre la main du président Donald Trump, en présence du roi Philippe de Belgique, de la chancelière allemande, Angela Merkel, du premier ministre belge, Charles Michel, au cours de la cérémonie d’inauguration du monument du mur de Berlin. Siège de l’OTAN, Bruxelles, le 25 mai 2017. | BENOIT DOPPAGNE / AFP

Le président Trump effectuait, mercredi 24 et jeudi 25 mai, sa première visite à Bruxelles, une étape de sa première tournée mondiale qui l’a déjà conduit en Arabie saoudite, en Israël et à Rome. Le président américain y a rencontré pour la première fois le président Emmanuel Macron, mais aussi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ainsi que l’ensemble des dirigeants des pays européens lors d’un « mini-sommet » de l’OTAN.

Au cours de cette visite, le président Trump a maintenu sa ligne « l’Amérique d’abord », en refusant de faire un pas pour améliorer des relations américano-européennes parties du mauvais pied lorsque, dès février, le nouveau locataire de la Maison Blanche avait jugé l’Alliance atlantique « obsolète ». Il a évité toute déclaration claire sur l’article 5 du traité de l’OTAN (relatif à l’assistance mutuelle en cas d’attaque armée), et a sermonné les dirigeants européens sur leurs dettes envers l’organisation.

Si cette visite aura des conséquences diplomatiques importantes pour l’avenir des relations entre les Etats-Unis et l’Europe, sur Internet, c’est surtout le « langage corporel » du président américain qui a fasciné les foules. Dans ce qui s’apparente à une démonstration de force, Donald Trump a en effet semblé vouloir en donner des signes « physiques ».

Comme l’écrivait déjà le Guardian en mars, c’est aussi le caractère imprévisible et flou de la politique de Trump qui pousse à essayer de trouver des signes dans de petits détails.

Donald Trump bouscule le premier ministre du Monténégro

Après un discours particulièrement musclé donné au siège de l’OTAN, où Donald Trump a en substance reproché aux Européens d’être des mauvais payeurs, une première séquence gênante est survenue au moment de la « photo de famille » devant le siège de l’OTAN. M. Trump a écarté sans ménagement le premier ministre du Monténégro, pour se mettre au premier rang de la future photo.

Un geste qui serait sans conséquence dans la vie quotidienne, mais qui, en langage diplomatique, est symboliquement violent. Le ministre en question sourit, bon prince, avant de se rembrunir un peu.

Emmanuel Macron gagne au jeu de la poignée de main

Mais cette séquence n’est pas le seul instant gênant de la journée. Il y a également eu ce moment perçu comme « tendu » de la poignée de main avec Emmanuel Macron. C’est bien connu, Donald Trump a une manière bien à lui de serrer la main. Il secoue énergiquement le bras de son interlocuteur en l’attirant vers lui. Pour certains commentateurs, c’est une façon d’affirmer « qui est le patron ». Sauf que cette fois, Emmanuel Macron a serré en retour la main de Donald Trump, jusqu’à ce que celui-ci lâche prise.

« Cette poignée de main a fasciné la presse anglo-saxonne », résume Slate, qui consacre un article à cette étrange passion de la presse et des internautes. Selon le Guardian, l’un des quotidiens qui consacrent un article au sujet, M. Macron a clairement emporté la manche. « Pendant un court instant, il a semblé que ni l’un ni l’autre ne voulait abandonner, ce qui aurait rendu la scène encore plus gênante, mais finalement, Trump a lâché prise et desserré les doigts », raconte le Guardian. L’un des journalistes du « pool » de la Maison Blanche a noté que les phalanges de M. Trump blanchissaient tant la poignée de main était vigoureuse.

Le sourire en coin des Européens

Cette première visite relativement tendue a aussi été marquée par la réaction des dirigeants européens, dans laquelle les internautes lisent de microscopiques signes de non-alignement. Lorsque Emmanuel Macron s’avance vers un groupe de dirigeants avec face à lui Donald Trump et Angela Merkel, il semble aller vers lui et au dernier moment, fait un pas de côté pour aller l’embrasser, elle. Pure galanterie ou solidarité européenne ? Sur une image qui dure une fraction de seconde, chacun lit ce qu’il veut.

La séquence du discours au siège de l’OTAN est également significative. Donald Trump y lit un texte ouvertement agressif, dans lequel il reproche aux Européens de ne pas payer leur part dans le financement collectif de l’OTAN. Il sous-entend que le nouveau siège, dans lequel il se trouve à cet instant, n’a pas été financé à sa juste part par les pays européens. Au cours de ce discours, la plupart des dirigeants gardent un visage de marbre. Mais trois d’entre eux échangent un petit regard complice. Il s’agit d’Emmanuel Macron, Charles Michel, le premier ministre belge, et Xavier Bettel, le premier ministre luxembourgeois, qui se tourne vers eux une main sur la bouche, comme s’il se retenait de rire.

Cette séquence montre plus en détail le « haussement de sourcil » de Xavier Bettel, manifestement médusé devant l’agressivité du discours de Trump.