• Louis Hayes
    Serenade For Horace

Pochette de l’album « Serenade For Horace », de Louis Hayes. | BLUE NOTE/UNIVERSAL MUSIC

Parmi les musiciens dont le nom restera attaché à la compagnie phonographique Blue Note – fondée en 1939 par Alfred Lion, Francis Wolff et Max Margulis –, figure celui du pianiste Horace Silver (1928-2014), avec près d’une trentaine d’albums, de la fin des années 1950 à la fin des années 1970. Et parmi ceux qui ont accompagné Silver, le batteur Louis Hayes. Qui aujourd’hui, 80 ans, présente à la tête d’un sextette, un hommage au pianiste, Serenade For Horace. Il revient sur certains thèmes enregistrés dans les années 1950 avec Silver (le célèbre Senor Blues, en 1956, Juicy Lucy, The St. Vitus Dance, en 1959…), des classiques comme Strollin’, Silver’s Serenade ou Song For My Father. Une plongée dans le jazz classique des années 1950 et 1960, plutôt dans l’expressivité hard bop/swing. Le jeu d’une grande finesse chantante de Hayes, en particulier dans le rapport polyrythmique cymbale et caisse claire, poussant ses compagnons, de haut niveau, à un dépassement naturel. Sylvain Siclier

1 CD Blue Note/Universal Music.

  • The Gift
    Altar

Pochette de l’album « Altar », de The Gift. | LA FOLIE RECORDS

L’âme musicale portugaise ne saurait se réduire au fado, comme l’atteste The Gift, groupe de pop synthétique s’exprimant principalement en langue anglaise, même si une douce mélancolie imprègne les chansons du quatuor d’Alcobaça (Estramadure). Altar, son sixième album studio en deux décennies, mérite de faire connaître, au-delà de la péninsule ibérique, la voix androgyne de Sonia Tavares et les compositions tubesques du claviériste Nuno Gonçalves, trouvant le juste équilibre entre efficacité et mystère. Elles bénéficient ici d’un puissant renfort en la personne de Brian Eno. Le maître de l’ambient, qui a produit le disque et participé à son écriture, prouve qu’il n’a pas perdu la main et déploie sa science des couleurs. Le résultat emporte l’adhésion dès le cinématographique I Loved It All, alternant trilles de piano, machinerie légère et envolée de cordes. A son aise dans les ballades affectives (Vitral, Hymn To Her), The Gift sait aussi faire sautiller l’électro en s’inspirant des Talking Heads ou à l’étirer dans le dévoilement comme sur l’impressionnant Love Without Violins, à mi-chemin de Giorgio Moroder et d’Eurythmics. Bruno Lesprit

1 CD La Folie Records. www.thegift.pt

  • The Afghan Whigs
    In Spades

Pochette de l’album « In Spades », de The Afghan Whigs. | SUB POP/PIAS

L’inquiétante pochette – le Malin dominant des pyramides égyptiennes – semble indiquer un grimoire de metal sataniste. Elle renferme le huitième album de The Afghan Whigs, groupe de rock américain parmi les plus originaux et sous-estimés. Identifiée à la génération X et à la vague grunge de la décennie 1990 car signée à ses débuts par l’emblématique label Sub Pop (chez qui elle est retournée après avoir séduit un temps les majors), la formation de Greg Dulli, originaire de Cincinnati (Ohio), a été autant nourrie par le punk que par une autre tradition régionale, la musique soul de la Motown, née dans le Michigan voisin. Ressuscitée depuis 2012, elle parvient (contrairement à nombre de ses contemporains) à ne pas se caricaturer sans pour autant se trahir, et même à surprendre avec des structures parfois proches du rock progressif. Ainsi de l’inaugural Birdland, déroutante psalmodie hachée par des bribes d’harmonium, de mellotron et de violoncelle, une chanson qui semble ne jamais commencer. Ailleurs, Dulli, dépressif chronique, lutte encore avec succès contre ses pensées morbides ou sordides grâce à une énergie intacte, puisant dans le rock sudiste (les parties de guitare slide) et dans le rhythm’n’blues (les cuivres d’où s’échappe la trompette). B. Lt

1 CD Sub Pop/PIAS.

  • Divers artistes
    Zaïre 74 The African Artists

Pochette de l’album « Zaïre 74 – The African Artists ». | WRASSE RECORDS/CAROLINE

Compilation d’enregistrements inédits effectués lors du festival Zaïre 74, événement musical de trois jours, qui fut organisé en périphérie du légendaire combat de boxe opposant Mohamed Ali et George Foreman, à Kinshasa, en 1974, ce double album répare un oubli. Le musicien sud-africain Hugh Masekela, alors en exil de l’Afrique du Sud sous apartheid, et le producteur américain Stewart Levine avaient créé ensemble le label Chisa Record, en 1966, dans le but de mettre en avant l’Afrique, expliquaient-ils. Ils ont organisé, dans la même idée, un festival, à Kinshasa, rassemblant quelques stars afro-américaines (dont James Brown, B.B. King, The Crusaders, Bill Withers), la Fania All Stars (avec Celia Cruz), aux côtés d’artistes parmi les plus en vue de Kinshasa. Tout a été filmé, enregistré, deux documentaires sont sortis, When We Where Kings (1996) et Soul Power (2008), mais aucun artiste congolais n’y apparaît. Le but premier de l’opération était donc quelque peu biaisé La parution de ce double album, accompagné d’un livret (en anglais) avec des notes biographiques intéressantes, même si bâclé au niveau du montage (fins et démarrages des morceaux un peu brusques, parfois) a le mérite de permettre d’entendre au meilleur de leur forme, galvanisés par l’enthousiasme de plus de 50 000 personnes, outre l’emblématique Sud-Africaine Miriam Makeba, des héros magnifiques de la scène kinoise d’alors, Tabu Ley Rochereau, Franco et Abeti. Précieux. Patrick Labesse

2 CD Wrasse Records/Caroline. Existe aussi en 3 vinyles.