L’entraîneur parisien Unai Emery, samedi 27 mai, lors de la finale de la Coupe de France. | JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

La confidence de Nasser Al-Khelaïfi, lâchée dans les entrailles du Stade de France, a le mérite de la clarté. « Unai Emery sera l’entraîneur du Paris-Saint-Germain la saison prochaine. Il va rester avec nous. C’est sûr à 200 % », a assuré le président qatari du PSG après la victoire poussive (1-0) de sa formation face à Angers, samedi 27 mai, en finale de la Coupe de France. Au sortir d’une saison décevante, marquée par la perte du titre de champion de France au profit de Monaco et par l’élimination subie (6-1) à Barcelone en huitièmes de finale de Ligue des champions, l’entraîneur espagnol Unai Emery a donc été publiquement conforté par ses dirigeants.

En dépit d’un exercice 2016-2017 éprouvant, le technicien basque de 45 ans n’a pas fait mystère de son souhait d’honorer sa seconde année de contrat au Paris-Saint-Germain. Obtenu dans la douleur, ce troisième sacre d’affilée du club de la capitale en Coupe de France – le onzième de son histoire, un record – semble clarifier la situation de l’ex-coach du FC Séville, triple vainqueur de la Ligue Europa (2014, 2015, 2016), nommé à l’été 2016 au PSG à la place de Laurent Blanc.

Contexte tumultueux

Avec trois trophées (Trophée des champions, Coupe de la Ligue, Coupe de France) dans son escarcelle, le quadragénaire devrait – à cette heure – rester à la barre du PSG version qatarie la saison prochaine. Pourtant, c’est peu dire que l’Ibère a préparé cette finale face à Angers dans un contexte tumultueux. Quelques heures avant la rencontre, les médias portugais ont annoncé l’ouverture de pourparlers entre la direction du club parisien et l’entraîneur Jorge Jésus, 62 ans, à la tête du Sporting Club de Lisbonne depuis 2015.

Ces rumeurs faisaient suite à la nomination programmée – la semaine prochaine – du Lusitanien Antero Henrique au poste de directeur sportif du PSG. Homme de réseaux, excellent recruteur et fervent « partisan » de la tierce-propriété (on lui doit l’éclosion et la vente à des prix records de joueurs comme Pepe, James Rodriguez, Deco, Hulk, Radamel Falcao, Joao Moutinho), pratique interdite désormais par la Fédération internationale de football (FIFA), l’ex-pilier du FC Porto serait ainsi désireux de sonder ses compatriotes Jorge Jésus et André Villas-Boas (ex-coach de Porto, Chelsea, Tottenham, Zénith Saint-Pétersbourg) pour éventuellement remplacer Emery.

« J’ai maintenu le cap »

« Je suis très critique avec moi-même, mais j’ai maintenu le cap », a martelé l’entraîneur espagnol après ce succès étriqué face à de coriaces Angevins. Stakhanoviste attentif au moindre détail, le Basque n’est clairement pas l’unique responsable de cette première année de mandat controversée aux allures de « semi-échec ».

A un recrutement décrié (Jesé, Hatem Ben Arfa, Grzegorz Krychowiak) se sont greffés une stratégie illisible, une longue période d’adaptation de joueurs pas forcément réceptifs au discours et à la méthode d’Emery, des turbulences politiques avec la démission annoncée du directeur sportif Olivier Létang, et le rôle flou attribué au Néerlandais Patrick Kluivert, nommé en 2016 directeur du football du PSG.

Les récentes perquisitions menées dans les locaux du club, dans le cadre d’une enquête pour « blanchiment de fraude fiscale aggravée » concernant les joueurs argentins Javier Pastore et Angel Di Maria, ont également contribué à enténébrer l’atmosphère autour de l’institution parisienne.

Le précédent Laurent Blanc

Alors que Nasser Al-Khelaïfi a déclaré que sa formation (dotée d’un budget de 580 millions d’euros) investirait massivement sur le marché des transferts lors du mercato estival, Unai Emery restera-t-il à son poste afin d’initier le changement de cycle appelé de ses vœux par sa direction ? Recruté en 2016 afin de « faire les légers réglages » – selon l’expression utilisée en interne – qui permettraient au PSG d’atteindre enfin les demi-finales de la Ligue des champions, l’entraîneur espagnol n’a pas su, de fait, répondre aux attentes placées en lui.

Or, selon L’Equipe, son maintien pourrait également s’expliquer par le refus de Qatar Sports Investments (QSI) – propriétaire du club depuis 2011 – de dépenser une vingtaine de millions d’euros en enrôlant un nouvel entraîneur. Une somme équivalente au montant des indemnités de départ versées à Laurent Blanc, limogé alors que son contrat venait d’être prolongé jusqu’en 2018.

Nasser Al-Khelaïfi va-t-il tenir son engagement de conserver Emery ? En avril 2016, après l’élimination (2-2 ; 1-0) de son équipe par Manchester City en quarts de finale de Ligue des champions, le président du PSG avait publiquement conforté Laurent Blanc. « On fait confiance au coach », avait-il assuré à l’époque. Sur décision de l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, le numéro 1 parisien s’était finalement résolu à lâcher, deux mois plus tard, son entraîneur.