A Portland (Oregon), samedi 27 mai, la population rend hommage à Ricky John Best, 53 ans, et Taliesin Namkai-Meche, 23 ans, poignardés à mort par le suprémaciste blanc Jeremy Joseph Christian. | Gillian Flaccus / AP

A Portland (Oregon), ville réputée pour son ouverture d’esprit, un crime haineux a provoqué une émotion intense. Samedi 27 mai, au lendemain du double meurtre commis par un suprémaciste blanc, plus d’un millier de personnes se sont rassemblées pour une cérémonie à la mémoire des victimes, deux hommes qui ne se connaissaient pas et qui ont été poignardés alors qu’ils s’interposaient pour empêcher une agression islamophobe dans le tramway. Des « héros » aux yeux de la capitale de l’Etat, encore sous le choc.

Ricky John Best, 53 ans, père de quatre enfants, un ancien militaire qui avait été déployé en Irak, et Taliesin Namkai-Meche, 23 ans, sorti de l’université en 2016 avec un diplôme d’économie, ont été poignardés à mort par Jeremy Joseph Christian, 35 ans.

Selon les témoins, celui-ci s’en était pris à deux jeunes passagères, dont l’une vêtue d’un hijab, aux cris de « musulmans : criminels ! ». « Il nous a dit de quitter le pays, de retourner en Arabie saoudite et de nous suicider », a rapporté Destinee Mangum, 16 ans, l’une des deux adolescentes visées. Quand les deux hommes ont essayé de le calmer, l’agresseur a sorti un couteau. Un troisième passager, Micah Fletcher, 21 ans, a survécu à ses blessures mais pourrait rester paralysé. Il avait gagné un concours de poésie en 2013 avec un texte regrettant l’islamophobie.

Sentiments conflictuels

Jeremy Christian, originaire de Portland, avait fait de la prison pour vol à main armée en 2002. Il était connu des cercles spécialisés dans le suivi des suprémacistes blancs, comme le Southern Poverty Law Center (SPLC), qui l’a décrit comme un individu « professant des idées racistes et extrémistes » : celle, par exemple, que le nord-ouest des Etats-Unis devrait être réservé aux Blancs.

En revanche, sur la politique, Christian paraît avoir des sentiments conflictuels. Très agressif envers Hillary Clinton mais positif envers Bernie Sanders, il avait fini par avouer, quatre jours après l’élection de novembre, qu’il n’avait « pas pu se résoudre à voter Trump » et qu’il s’était abstenu pour la première fois de sa vie.

Le 29 avril, il avait été filmé dans un rassemblement organisé par l’extrême droite, au nom de la défense de la liberté d’expression. Il y était apparu enroulé dans un drapeau américain, prompt à effectuer le salut nazi et criant des slogans menaçants envers les musulmans, les juifs et les « faux chrétiens ». La police avait saisi la batte de base-ball qu’il avait apportée pour manifester.