Des employés de Tati lors d’une manifestation à Lyon, le 22 mai 2017. | JEFF PACHOUD / AFP

Les trois offres de reprise de Tati et de trois autres enseignes d’Agora Distribution (groupe Eram) seront examinées lundi 29 mai par le tribunal de commerce de Bobigny, qui mettra sa décision en délibéré. Plus de 1 700 emplois sont en jeu.

La filiale du groupe Eram, le pôle Agora distribution, qui regroupe les enseignes Tati, Fabio Lucci, Gigastore et Degrif’Mania, soit 140 magasins au total, a été placée en redressement judiciaire le 4 mai, plongeant les employés dans l’inquiétude.

Trois repreneurs potentiels

Les repreneurs avaient jusqu’à mardi soir minuit pour déposer leur offre finale, qui a été améliorée, au tribunal de commerce de Bobigny. Le groupe Philippe Ginestet (GPG), du fondateur des magasins de déco Gifi, propose de maintenir l’enseigne emblématique au vichy rose et de reprendre 1 300 emplois directs, soit 76 % des effectifs, dans 120 magasins. S’y ajouterait la reprise des 250 salariés des magasins franchisés et affiliés du groupe, dont 180 dans les DOM-TOM, ainsi que des reclassements chez Gifi.

Autre offre : celle des enseignes à bas prix Foir’Fouille, Centrakor, Stokomani, Maxi Bazar et Dépôt Bingo, réunies dans un consortium. Ces dernières proposent la reprise de « 95 magasins et 1 258 emplois, dont 69 salariés du siège », selon une source proche du dossier. D’après la CGT, la proposition – marginale – de Dépôt Bingo « ne devrait pas être retenue » car déposée « hors délai ».

Troisième et dernier prétendant, l’enseigne Babou espère, elle, mettre la main sur six magasins Tati en région parisienne.

Les sommes mises sur la table par les différents candidats seront également scrutées à la loupe : selon une autre source proche du dossier, les stocks de Tati « ont une valeur comptable de 100 millions d’euros » et « des fonds de commerce estimés par un expert à 30 millions d’euros ».

Des offres « assez proches »

Le PDG de transition d’Agora Distribution, Michel Rességuier, a estimé mercredi que les deux principales offres, celles de GPG et du consortium, étaient « assez proches »« Il faut vérifier la cohérence de chacune [des offres, ndlr], que l’on évalue leur contenu, qu’on en apprécie le risque, la solidité, leur condition de mise en œuvre », a-t-il déclaré.

Les comités d’entreprise de Lilnat, Vetura et Agora, trois sociétés qui constituent le pôle Agora Distribution, ont été consultés vendredi, pour un avis consultatif. Celui de Lilnat, qui rassemble les magasins Tati et 1 300 des 1 700 salariés du pôle, a refusé de se prononcer sur les offres, les jugeant trop « basses », selon la CGT. Ses représentants demanderont un délai lundi au tribunal.

En revanche, les CE de Vetura et Agora ont choisi GPG. « Pour nous, le meilleur projet » que ce soit « en termes d’emplois, de garanties et de continuité de l’entreprise », car il reprend « la globalité » de l’enseigne au vichy rose, explique Tahar Benslimani (CFDT). Maxi Bazar, l’une des cinq enseignes du consortium, propose de reprendre seulement « quelques magasins » sous enseigne Tati, ajoute-t-il, en estimant qu’elle n’a « pas la puissance de feu nécessaire pour faire repartir une marque ».

Rassemblement

Pour continuer à « exiger le maintien de tous les emplois », les salariés sont appelés à se rassembler lundi devant le tribunal de commerce de Bobigny. Ils réclament aussi, si des licenciements sont inévitables, un plan social « à la hauteur de la capacité financière de l’actionnaire et pris en charge par le groupe Eram ». Pour l’heure, « il n’y a rien dedans, Eram a mis zéro euro, c’est honteux », estime M. Benslimani.

Tous les syndicats dénoncent les conséquences de la loi Macron d’août 2015 qui a supprimé l’obligation pour les groupes de financer les PSE de leurs filiales en redressement judiciaire.