Quelques centaines de personnes ont manifesté, dimanche soir 28 mai, pour la troisième nuit consécutive. Cette fois, aucun incident n’a été relevé dans la ville d’Al-Hoceima, dans le nord du Maroc, a constaté un vidéaste de l’AFP.

Aux cris de « Etat corrompu ! », « Dignité ! » ou « Nous sommes tous Zefzafi » – le chef de la contestation actuellement en fuite et recherché par la justice –, des groupes de jeunes se sont rassemblés dans au moins deux quartiers pour tenter d’aller manifester vers la grande place du centre-ville. Ils ont été bloqués par les cordons des forces de l’ordre et après environ une heure de face-à-face sur le boulevard Tarik Ibnou Ziad, les policiers et 200 à 300 jeunes se sont dispersés sans affrontement.

« On ne peut pas faire un pas, les policiers sont partout », a déclaré par téléphone à l’AFP un militant associatif, qui a fait état du même scénario, avec un moindre nombre de contestataires, dans un autre quartier de la ville. Selon ce même militant, une manifestation rassemblant quelques centaines de personnes s’est déroulée, là aussi sans incident, dans la ville voisine d’Imzouren, à 18 km d’Al-Hoceima.

Des rassemblements de « solidarité » ont été également signalés à Nador et Tanger, deux villes du nord du pays, ainsi qu’à Casablanca et à Rabat où, selon un participant, environ 300 personnes ont été dénombrées dans la capitale.

Au moins 70 personnes arrêtées

Dans le Rif (nord), la province d’Al-Hoceima est secouée depuis six mois par un mouvement de contestation populaire pour exiger le développement de la région.

Défiant le maghzen (pouvoir) depuis des mois par ses harangues enflammées, Nasser Zefzafi, le leader de ce mouvement, est recherché depuis vendredi soir par la justice pour avoir interrompu le prêche d’un imam dans une mosquée de la ville.

Des manifestations nocturnes – pour cause de ramadan – ont eu lieu vendredi et samedi à Al-Hoceima et dans d’autres localités de la province, avec à chaque fois des incidents violents entre manifestants et policiers.

En trois jours, la police a procédé à 22 arrestations, selon un dernier bilan officiel, visant le noyau dur des militants de ce mouvement baptisé Hirak (la mouvance). Ils sont accusés notamment « d’atteinte à la sécurité intérieure », « d’incitation à commettre des délits et des crimes, d’humiliation de fonctionnaires publics » et « d’hostilité envers les symboles ».

C’est la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) qui est chargée de l’enquête, et plusieurs des interpellés ont été transférés au siège de cette unité à Casablanca, a indiqué le parquet à Al-Hoceima.

Ce sont 70 personnes qui ont été arrêtées par la police depuis vendredi, a affirmé pour sa part l’avocat Abdessadek Al-Bouchtaoui. « Il y a 37 arrestations pour la seule journée de samedi », a-t-il déclaré à l’AFP, venu porter assistance aux familles rassemblées dimanche devant le principal commissariat d’Al-Hoceima pour avoir des nouvelles de leurs proches. « 21 personnes ont été transférées à Casablanca, les autres sont encore ici », a précisé Me Al-Bouchtaoui, disant craindre les conséquences « de cette approche répressive ».