La ministre française des armées, Sylvie Goulard, à l’Elysée, le 22 mai 2017. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Sa première priorité, « c’est évidemment la protection des Français » contre le terrorisme. « L’attentat de Manchester nous rappelle à quel point la menace terroriste sur une ville, sur notre mode de vie, reste extrêmement élevée », a indiqué la nouvelle ministre française des armées, Sylvie Goulard, lundi 29 mai, lors d’une rencontre avec la presse à Paris.

Mme Goulard s’est cependant gardée de se prononcer sur une évolution prochaine des opérations militaires en cours, extérieures (« Barkhane » au Sahel, « Chammal » en Irak et Syrie) comme intérieures (« Sentinelle »). Sous réserve d’une décision présidentielle, et sauf si « des événements importants intervenaient en Irak ou en Syrie », pas d’aménagement en vue. Mais, a-t-elle souligné, « la bataille contre Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, EI] est la bataille première et l’un des objectifs étant la prise de Mossoul et de Rakka, la France ne se dérobera pas ».

Usure des forces militaires

La coalition internationale contre l’EI est dirigée par les Etats-Unis, qui n’ont pas demandé à ce jour à la France de renforts, notamment en forces spéciales pour opérer en Syrie. « Notre dispositif dans le Sahel est aussi une manière de lutter contre des ramifications [de l’EI], il faut voir cela comme une action globale », a précisé la ministre.

Les inquiétudes exprimées par certains chefs militaires sur l’usure des forces semblent avoir été entendues. Les déploiements actuels, qui vont au-delà des contrats fixés en 2013 par l’exécutif aux armées, ont « créé une certaine tension, amené les personnels à être énormément utilisés », note Mme Goulard. « Tous les responsables insistent sur le fait que la France fournit déjà depuis un certain nombre d’années un effort extrêmement important, ajoute-t-elle. Donc, il y a ce souci de combiner l’ambition avec les forces de nos troupes et leur sécurité. »

Des mesures pour améliorer les conditions de vie des personnels – non précisées encore, sachant que celles décidées par le gouvernement précédent restent à être appliquées – forment ainsi « la deuxième priorité ». La ministre rappelle la promesse d’Emmanuel Macron de porter le budget de la défense à 2 % du PIB en 2025 (contre 1,78 % aujourd’hui). Mais elle laisse planer un flou sur le chemin qui y conduirait : « Nous savons que le contexte budgétaire général est très contraint, il y a un équilibre à trouver et des arbitrages à opérer, qui le seront par le président. Nous porterons une loi de programmation militaire ambitieuse. Mais c’est une priorité qui doit être menée à bien avec le Parlement. »

Avec l’Europe, travailler « dans la durée »

La troisième priorité affichée est la défense de l’Europe. « Il y a un agenda européen crucial », affirme Mme Goulard, qui doit se rendre à Berlin mercredi. En dépit de quelques réalisations – une future base franco-allemande à Evreux pour les avions de transport militaire C-130, ou un nouveau fonds de la Commission doté de 5 milliards d’euros pour la recherche et les achats en matière de défense lancé le 7 juin prochain –, les intentions dans ce domaine restent difficiles à traduire dans des projets concrets. « En matière européenne, le travail doit être fait dans la durée », dit la ministre.

Les choses pourraient changer, selon elle, en raison du nombre des Etats membres de l’Union européenne frappés par le terrorisme – Suède, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, notamment. « Aucun de nous n’est complètement à l’abri », même si, note-t-elle, pour certains, cette réalité s’impose face à une opinion publique plus rétive à l’engagement militaire. « Ce travail de prise de conscience collectif, en Europe, va devoir être effectué », affirme Mme Goulard, pour qui la menace terroriste peut être « l’aiguillon d’une avancée commune ».

Avec l’Allemagne plus précisément, il faut « jouer la complémentarité » et « aider les autorités allemandes qui veulent aller de l’avant », estime-t-elle. « Nous, les Européens, devons vraiment prendre en main notre propre destin », a lancé la chancelière allemande, Angela Merkel, dimanche, après une réunion de l’OTAN et un G7 minés par les désaccords avec le président américain, Donald Trump.