Le logo de la compagnie ferroviaire SNCF, le 17 octobre 2016. | ERIC PIERMONT / AFP

Le conseil des prud’hommes de Bobigny a condamné la SNCF à verser plus de 40 000 euros à un salarié « victime de faits de discrimination en raison de son origine » au technicentre Paris Saint-Lazare. Dans sa décision du 23 mai et dont l’AFP a eu connaissance mardi 30 mai, le conseil relève que ce salarié embauché en 2002 n’a pas eu l’avancement de carrière qu’il pouvait escompter. Il a « fait l’objet d’une agression de la part de deux collègues » et « subi sur une longue période des propos blessants et dégradants ».

« Les mesures prises par l’employeur sont insuffisantes pour atténuer un climat propice à des propos offensants », estiment les prud’hommes.

La SNCF a été condamnée à verser des dommages et intérêts « au titre du préjudice moral qu’il a subi et du fait de la discrimination dont il a été victime », des dommages et intérêts « en réparation des préjudices moral et physique subis en raison de l’agression dont il a été victime », ainsi que des rappels de salaire.

Le défenseur des droits saisit

En novembre 2015, le défenseur des droits Jacques Toubon avait conclu que cet agent avait été « victime d’agissements pouvant revêtir la qualification de harcèlement discriminatoire en raison de son origine » et « subi une discrimination en matière d’évolution professionnelle ».

« Cet environnement de travail dans lequel certains agents SNCF se croient autorisés à proférer des propos racistes injures ou plaisanteries envers divers groupes de personnes, à afficher ouvertement des idées xénophobes, à apposer des inscriptions fascistes sur des supports de l’entreprise () génère un climat particulièrement offensant et humiliant. »

« On peut légitimement s’interroger sur la gestion des ressources humaines au sein de la SNCF », a déclaré l’avocat du salarié, Avi Bitton, se disant « régulièrement contacté par des agents de la SNCF d’origine maghrébine qui se plaignent de discrimination dans leur évolution de carrière ».

En septembre 2015, la SNCF avait été condamnée à plus de 170 millions d’euros de dommages et intérêts pour discrimination dans la carrière et la retraite de plus de 800 salariés de nationalité ou origine marocaine, pour la plupart à la retraite aujourd’hui.

Recrutés dans les années 1970 comme contractuels, les chibanis (« cheveux blancs » en arabe), désormais à la retraite ou en passe de l’être, n’ont pour la plupart pas bénéficié du statut plus avantageux des cheminots. Le procès en appel s’est tenu mi-mai et la cour rendra ses 848 jugements, le 31 janvier 2018.