En 2015, un vaste débat avait lieu au sein de la communauté de Wikipédia, la plus grande encyclopédie au monde, autour d’une évolution technologique du site : le passage obligatoire de Wikipédia au HTTPS. Ce protocole permet de protéger les communications entre le navigateur d’un internaute et le site web. D’une part, il assure à l’internaute qu’il est bien en train de consulter le site original, et non un faux site malveillant. Mais cette technologie limite aussi les informations qu’il est possible de collecter sur la navigation de l’internaute : il est possible au fournisseur d’accès à Internet de « voir » qu’un internaute consulte un site, mais pas quelles pages spécifiquement.

Or, arguaient les opposants au HTTPS obligatoire, il y avait un fort risque que cela se traduise par de plus importants blocages de Wikipédia : dans certains pays, dont la Russie et le Royaume-Uni, les autorités bloquaient l’accès à certaines pages du site, mais laissaient le reste de l’encyclopédie librement accessible. Le risque était donc que ces gouvernements décident de censurer l’intégralité du site.

Deux ans plus tard, une étude du Harvard Center for Internet and Society montre que c’est exactement l’inverse qui s’est produit. En mesurant les blocages de l’encyclopédie en ligne dans une quinzaine de pays, les chercheurs ont constaté une diminution globale des cas de censure. Malgré des cas fréquents ou permanents en Chine, en Ouzbékistan ou en Thaïlande, l’étude, qui s’est déroulée avant que certains pays comme la Turquie ne décident de restreindre l’accès à Wikipédia, « suggère que le passage au HTTPS a été une bonne chose en termes d’accessibilité de la connaissance », écrivent les chercheurs.