La chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Donald Trump lors du sommet du G7 à Taormine en Sicile le 26 mai. | Evan Vucci / AP

Le président américain Donald Trump a accusé mardi 30 mai, dans un tweet matinal, l’Allemagne d’être « très mauvaise pour les Etats-Unis » sur le plan des relations commerciales et militaires :

« Nous avons un ÉNORME déficit commercial avec l’Allemagne, en plus elle paye BIEN MOINS qu’elle ne le devrait pour l’OTAN et le secteur militaire. Très mauvais pour les USA. Ça va changer. »

Pratiquement en même temps à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a jugé « extrêmement important » que l’Europe devienne un « acteur qui s’engage à l’international » notamment en raison de l’évolution des Etats-Unis sous Donald Trump. Dimanche, elle avait jugé à la suite d’un G7 très difficile que les Européens ne pouvaient plus totalement compter sur les Etats-Unis de Donald Trump.

« Politique étrangère commune »

La chancelière, qui recevait mardi le premier ministre indien, Narenda Modi, a quant à elle affirmé :

« La relation transatlantique est d’une importance primordiale. Ce que j’ai simplement fait, c’est de dire que compte tenu de la situation actuelle, il y a encore plus de raison pour lesquelles nous devons en Europe prendre notre destin en main. »

Selon elle, il est nécessaire pour les Européens d’avoir une « politique étrangère commune » pour, par exemple, pousser à « la résolution du conflit en Libye ». « Sur certaines questions, nous ne sommes pas aussi bons que nous devrions l’être, la question de la politique migratoire notamment », a-t-elle ajouté.

Comme d’autres dirigeants européens par le passé, Mme Merkel a insisté sur la nécessité pour l’Union européenne (UE) de s’affirmer sur la scène internationale pour mieux défendre ses intérêts. Mais jusqu’ici, la mise en place d’une action diplomatique européenne a achoppé sur les prérogatives des Etats membres en la matière et leurs réticences à abandonner des pans de souveraineté dans ce domaine régalien.

Ces derniers jours, Berlin a une nouvelle fois insisté sur cet objectif tout en haussant le ton face à Donald Trump, notamment à cause de son refus de dire s’il allait respecter l’accord de Paris sur le climat.

Lundi, le ministre des affaires étrangères allemand, le social-démocrate Sigmar Gabriel, s’est montré très virulent à l’égard du président américain, accusé d’avoir « affaibli » l’Occident et de travailler à l’encontre des intérêts de l’Union européenne.

Ces tensions ne sont pas nouvelles. Dès le jour de l’élection de l’homme d’affaires, la chancelière avait signifié à Donald Trump qu’il devait être fidèle aux valeurs des démocraties occidentales après une campagne marquée par les dérapages et les controverses.

En accord à son discours anti-libre-échange, M. Trump avait pour sa part adopté à plusieurs reprises un ton très dur vis-à-vis des excédents commerciaux allemands. Il a notamment menacé d’instaurer des taxes douanières en représailles et aussi accusé Berlin de devoir « d’énormes sommes d’argent » à l’OTAN et aux Etats-Unis.