Avec « Trois lettres de Sarajevo », qui mêle traditions occidentales, orientales et klezmer, le compositeur Goran Bregovic sera à l’affiche des 72e Nuits. | Nuits de Fourvière

Ils viennent du Mali, d’Italie, d’Algérie, du Royaume-Uni, de Serbie, de Saint-Domingue, d’Espagne, de Jamaïque, de Trinité-et-Tobago, d’Argentine, des Etats-Unis, d’Irlande… Pour leur 72e édition, les Nuits de Fourvière ont fait le choix d’ouvrir largement leurs scènes aux artistes ­internationaux. Comme un pied de nez à la ­période électorale agitée que le pays vient de traverser, marquée par une opposition entre ­les ­tenants d’une culture dont la mission serait de faire rayonner l’identité française et francophone, réunis autour de Marine Le Pen, et les partisans d’une ouverture de l’Hexagone à tous les enrichissements ­artistiques venus d’ailleurs, en marche derrière Emmanuel Macron.

Les seconds ont davantage séduit les électeurs que les premiers, et le festival lyonnais célèbre ce choix de belle façon avec une affiche signée de la photographe suisso-guinéenne Namsa Leuba. Celle-ci représente une jeune femme africaine vêtue et maquillée de manière à illustrer une forme d’« hybridité culturelle », censée refléter « la dualité » de l’héritage personnel de l’artiste.

« Aucune règle »

Une « hybridité » fructueuse dont témoigne aussi la présence, une nouvelle fois aux Nuits de Fourvière, de l’Orchestra di piazza Vittorio, ­formation romaine cosmopolite où se côtoient musiciens indiens, brésiliens, cubains, ar­gentins, sénégalais et tunisiens. Cette année, ils présenteront une variante contemporaine de Don Giovanni, de Mozart, avec un Don Giovanni ­androgyne interprété par Petra Magoni.

« La diversité, c’est l’essence même du festival, souligne son directeur, Dominique Delorme. Nous construisons un programme pluridisciplinaire qui ne s’impose aucune règle, qui est bâti à partir de belles rencontres. » Comme celle de Matthieu Chedid et d’artistes maliens, qui a donné lieu à l’album Lamomali, sorti fin avril, sur lequel s’affiche cette citation de la poétesse Andrée Chedid, grand-mère du chanteur : « Toi, qui que tu sois, je te suis bien plus proche qu’étranger. »

-M-, accompagné de Toumani ­Diabaté, Sidiki Diabaté et de Fatoumata Diawara & Guests, fera l’ouverture des Nuits le jeudi 1er juin, dans l’écrin du Grand Théâtre. Le chanteur est un habitué du festival, tout comme ­Fellag, invité d’honneur de cette édition 2017, ou Benjamin Biolay, qui revient dans la ville de sa jeunesse pour présenter son nouvel album, Volver, ou encore Paolo Conte. Des fidèles auxquels viennent se mêler pour cette édition de nouveaux venus, tels le scénographe et chorégraphe Aurélien Bory, ou le chanteur et compositeur d’origine ghanéenne Benjamin Clementine. « On travaille avec des artistes qui, au fil des éditions, finissent par constituer une famille. Mais on a à cœur de l’ouvrir chaque année à des découvertes », précise le directeur. La tribu nous donne rendez-vous à partir du 1er juin.

Cet aricle est extrait d’un supplément réalisé en partenariat avec Les Nuits de Fourvière.