La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a validé, jeudi 1er juin, la condamnation en 2010 de l’hebdomadaire Le Point pour avoir publié des extraits des dépositions de plusieurs personnes impliquées dans l’enquête sur les dons de la milliardaire Liliane Bettencourt à l’artiste François-Marie Banier.

Les magistrats européens ont estimé que les éléments publiés par Le Point, « insérés dans des articles orientés », risquaient de « perturber le bon déroulement » du procès alors à venir de M. Banier, et que de ce fait la condamnation de l’hebdomadaire n’avait pas constitué une violation de sa liberté d’expression.

Condamnation à l’unanimité

Le Point avait été condamné en mars 2010 par le tribunal de grande instance de Paris à verser 3 000 euros à Mme Bettencourt – pour avoir publié des actes de procédure pénale avant leur lecture en audience publique – et la même somme à M. Banier, pour violation de la présomption d’innocence. Ces condamnations avaient été confirmées en appel, puis en cassation, conduisant Le Point à saisir la CEDH en arguant d’une violation de son droit à la liberté d’expression.

La Cour européenne lui a donné tort à l’unanimité. Elle a estimé notamment que les journalistes du Point « ne pouvaient ignorer l’origine des pièces reproduites dans leurs articles, ni le caractère confidentiel des informations publiées ». Elle a souligné par ailleurs que l’un des deux articles incriminés « n’était pas neutre à l’égard » de M. Banier, et qu’il « allait sans nuance dans le sens de son accusation, au mépris de la présomption d’innocence ».