Elon Musk, patron de Tesla, en février, à Dubaï. | KARIM SAHIB / AFP

De l’industrie pétrolière à l’automobile, plusieurs multinationales américaines ont exprimé jeudi 1er juin leur déception après le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris et leur détermination à poursuivre leurs efforts pour réduire les émissions de CO2.

Elon Musk, très médiatique PDG du constructeur de voitures électriques Tesla et ardent défenseur des énergies renouvelables, a mis ses menaces à exécution. Il quitte immédiatement ses fonctions au sein du comité des conseillers du président américain. Il a tweeté : « Je quitte le conseil du président. Le changement climatique est quelque chose de réel. Quitter [l’accord de] Paris n’est pas bon pour l’Amérique et le monde. »

Numéro un américain de l’automobile, General Motors a assuré, de son côté, que sa position sur le changement climatique « n’avait pas changé ». « Nous défendons publiquement l’action et la prise de conscience sur le climat », a expliqué un porte-parole à l’AFP.

Jeff Immelt, le PDG du conglomérat industriel américain General Electric, a également condamné sur Twitter l’initiative du président américain :

« Je suis déçu par la décision aujourd’hui [jeudi] sur l’accord de Paris. Le changement climatique est réel. L’industrie doit maintenant prendre la tête et ne plus dépendre du gouvernement. »

ExxonMobil continue de défendre l’accord

Groupement des plus grands patrons américains, la Business Roundtable s’est gardée de critiquer aussi frontalement la décision de M. Trump mais elle a toutefois tenu à souligner que les conséquences du changement climatique « étaient potentiellement graves et très étendues ».

Même les grandes majors pétrolières américaines, qui auraient a priori le plus à perdre de la transition énergétique, ont fait entendre leur désapprobation et apporté leur soutien à l’accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement climatique.

ExxonMobil continue ainsi de défendre cet accord signé en 2015 par 195 pays qui constitue « un important pas en avant pour relever le défi mondial de la réduction des émissions », a indiqué un porte-parole.

Le numéro un du secteur américain juge également ce compromis « crucial » parce qu’il inclut les grands pays émergents comme la Chine ou l’Inde, répondant à l’argument de M. Trump selon lequel cet accord serait d’abord néfaste pour les Etats-Unis.

Son rival Chevron campe sur la même ligne et soutient lui aussi un accord qui constitue un « premier pas vers un cadre international » de réduction des émissions, assure une de ses porte-parole, Melissa Ritchie.

« Un revers pour le leadership américain dans le monde »

Sans surprise, les entreprises du secteur technologique, traditionnellement très engagées sur le climat, ont elles aussi critiqué la décision de M. Trump, assurant qu’elle « scellait un revers pour le leadership américain dans le monde », selon l’expression de l’Information Technology Industry Center (ITI) qui regroupe notamment Apple, Ebay ou Yahoo.

Cette levée de boucliers quasi unanime n’est pas tout à fait surprenante. Après avoir pendant des années freiné les négociations sur le réchauffement, les grandes entreprises américaines se sont lentement converties au combat climatique, dans un souci d’image autant que de rentabilité.

La donne économique a radicalement changé. De grands investisseurs se détournent des énergies fossiles et les entreprises sont pressées de toutes parts d’adapter leur modèle de croissance à un monde délesté du carbone.

Le consensus n’est toutefois pas totalement entier au sein du « Corporate USA ».

Ardent critique des réglementations environnementales de l’ère Obama, le puissant lobby patronal de l’US Chamber of Commerce a ainsi adopté un ton très conciliant après l’annonce du retrait américain.

« Nous avons hâte de travailler avec le président, le Congrès et toutes les parties prenantes pour fournir les innovations et les technologies qui permettront à l’Amérique de remplir ses objectifs environnementaux », a déclaré un porte-parole de ce groupement qui dit représenter trois millions de grandes entreprises et de PME.