Le FBI et plusieurs commissions parlementaires américaines enquêtent depuis des mois pour déterminer s’il y a eu ou non des ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016 et s’il y a eu ou non des « interactions », pour reprendre le terme des services de renseignement américain, entre certaines personnes évoluant dans l’entourage de Donald Trump et des responsables russes.

Le 20 mars, James Comey, qui dirigeait alors le FBI, avait confirmé, au cours d’une audition au Sénat, que le FBI enquêtait sur d’éventuelles collusions. Début mai, M. Comey a été limogé par M. Trump. Depuis, les révélations dans la presse américaine se sont accumulées, renforçant les soupçons d’influence russe et de proximité avec les Russes.

La déposition de M. Comey devant le Sénat est désormais très attendue. Elle aura lieu le 8 juin selon des informations communiquées jeudi 1er juin. La tempête politique pourrait rependre de plus belle si l’ex-patron du FBI confirme avoir subi des pressions de la part de la Maison Blanche afin de mettre un terme à l’enquête sur les contacts russes de Michael Flynn, l’ex-conseiller à la sécurité nationale de M. Trump.

Le président américain ne cesse, de son côté, de dénoncer les « mensonges » des médias, allant jusqu’à parler de « chasse aux sorcières ».

  • Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale

Michael Flynn à la Maison Blanche, le 10 février à Washington. | Carolyn Kaster / AP

A démissionné

Le 13 février, moins d’un mois après l’investiture de M. Trump le 20 janvier, le conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, est contraint à la démission pour n’avoir pas révélé ses échanges avec l’ambassadeur russe à Washington, Sergueï Kisliak.

Des articles du Washington Post et du New York Times affirment que M. Flynn a évoqué en décembre 2016, dans une conversation téléphonique avec l’ambassadeur russe, les sanctions de M. Obama contre Moscou en représailles aux piratages informatiques russes contre le Parti démocrate.

Il a, selon la presse, assuré à l’ambassadeur que M. Trump, fraîchement élu, serait moins sévère à l’égard du Kremlin. Il a ensuite menti au vice-président, Mike Pence, sur la teneur de cet entretien.

Toujours selon la presse américaine, le ministère de la justice a averti la Maison Blanche que cette erreur pourrait rendre le conseiller vulnérable à une tentative de chantage russe.

  • Jeff Sessions, ministre de la justice

Avant d’être le ministre de la justice de Trump, Jeff Sessions a rencontré à deux reprises en 2016 l’ambassadeur russe Sergueï Kislyak | Alex Brandon / AP

En poste

Le 1er mars, un article du Washington Post a révélé que Jeff Sessions, le ministre de la justice, avait rencontré, en 2016, M. Kislyak : M. Sessions était alors sénateur de l’Alabama et conseiller du candidat Trump sur la politique étrangère.

Or, lors de son audition de confirmation dans ses fonctions en janvier, l’intéressé avait déclaré sous serment devant le Sénat qu’il n’avait « pas de contacts avec les Russes ».

Il s’est depuis défendu en assurant avoir rencontré l’ambassadeur russe au titre de sénateur et non de conseiller du futur président.

Depuis, M. Sessions s’est récusé dans l’enquête sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016. Son ministère a nommé, le 17 mai, un procureur spécial, Robert Mueller, pour garantir l’indépendance de l’enquête après le limogeage de M. Comey.

  • Paul Manafort, ancien directeur de campagne

A démissionné

Arrivé dans l’équipe de M. Trump en mars 2016 pour le rendre plus présidentiable, Paul Manafort a dirigé la campagne du candidat de juin à août. Le 19 août, le stratège politique a été poussé à la démission après avoir été, dans une enquête de corruption en Ukraine, soupçonné d’avoir touché 12,7 millions de dollars (11,6 millions d’euros) en liquide entre 2007 et 2012.

M. Manafort était, entre 2005 et 2014, consultant pour les ex-dirigeants prorusses de l’Ukraine, dont l’ancien président Viktor Ianoukovitch, aujourd’hui réfugié en Russie.

Selon le New York Times, des enregistrements et relevés de conversations téléphoniques montrent que M. Manafort – et d’autres membres de l’équipe de campagne de M. Trump – a eu des contacts répétés avec de hauts responsables des services de renseignement russes avant l’élection. L’intéressé assure n’avoir « jamais parlé en connaissance de cause avec des membres des services de renseignement russes ».

  • Roger Stone, homme de confiance et « proche » de WikiLeaks

Roger Stone a donné pendant la campagne présidentielle l’impression de connaître à l’avance le début de la publication des courriels piratés d’Hillary Clinton. | JOE RAEDLE / AFP

Consultant politique et ami de longue date du président américain, Roger Stone a donné, pendant la campagne présidentielle, l’impression d’être bien renseigné sur les courriels piratés de Hillary Clinton ou de son entourage.

« Croyez-moi, ce sera bientôt à l’heure de Podesta d’être sur le gril », avait-il écrit sur son compte Twitter, dès août 2016, en référence à John Podesta, président de l’équipe de campagne de Mme Clinton. En octobre, WikiLeaks mettait en ligne les courriels piratés sur le compte Gmail de M. Podesta.

M. Stone a par la suite expliqué disposer d’un « canal secret de communication » avec le controversé fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Il a également admis avoir échangé des e-mails avec Guccifer 2.0, compte qui se présente comme celui du hackeur qui a piraté les messageries électroniques du Parti démocrate. Ces messages étaient sans conséquence, a-t-il assuré.

Dans un rapport rendu en partie public, les principales agences de renseignement américaines ont expliqué que Guccifer 2.0 était un compte utilisé par plusieurs personnes liées aux services secrets russes, le FSB.

  • Jared Kushner, conseiller et gendre

Jared Kushner, 36 ans, est le mari d’Ivanka Trump, fille de Donald Trump | CARLOS BARRIA / REUTERS

En poste

Homme d’affaires, devenu conseiller du président, Jared Kushner, 36 ans, est le mari d’Ivanka Trump, fille de Donald Trump et conseillère à la Maison Blanche. Fin mai, la presse américaine a révélé que le gendre de M. Trump a cherché à mettre en place un canal de communication secret avec la Russie entre la victoire de Donald Trump, le 8 novembre, et sa prise de fonctions, le 20 janvier.

Selon le Washington Post, M. Kushner a fait cette proposition au cours d’une rencontre avec M. Kisliak, le 1er ou le 2 décembre à la Trump Tower de New York. Il était accompagné par M. Flynn. Le FBI aurait pris connaissance de cette demande en surveillant le diplomate russe, qui en aurait rendu compte à ses supérieurs.

En décembre 2016, M. Kushner s’est également entretenu avec Sergueï Gorkov, le responsable d’une banque liée aux autorités russes, la Vnesheconombank. M. Gorkov figure sur la liste des personnalités visées par les sanctions américaines à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie.

  • Carter Page, ancien conseiller en politique étrangère

Carter Page est accusé d’avoir rencontré lors d’un voyage à Moscou en juillet plusieurs responsables russes visés par des sanctions américaines. | Pavel Golovkin / AP

A démissionné

Recruté en mars 2016 dans l’équipe de campagne de M. Trump, Carter Page, 45 ans, connaît bien la Russie. En 2004, ce banquier d’affaires avait été envoyé à Moscou pour y ouvrir le bureau de la banque d’investissement américaine Merrill Lynch. Durant ses années dans la capitale russe, il a conseillé le géant pétrolier Gazprom – dont l’Etat russe est l’actionnaire majoritaire – lors d’une importante opération financière.

Moins de deux mois avant l’élection présidentielle, M. Page prend congé de la campagne alors qu’il est accusé d’avoir rencontré, lors d’un voyage à Moscou en juillet 2016, Igor Setchine, patron du géant pétrolier Rosneft et proche de Vladimir Poutine, ainsi que d’autres responsables russes visés par des sanctions américaines. L’ex-banquier assure n’avoir rencontré aucune de ces personnes.

En marge de la convention du Parti républicain en juillet 2016, il est – avec Jeff Sessions ou le conseiller de campagne J. D. Gordon – l’un des membres de l’équipe Trump à s’être personnellement entretenu avec M. Kisliak.

En avril, un article du Washington Post révèle que le FBI a obtenu secrètement en 2016 l’autorisation de surveiller les communications de M. Page. Un juge avait estimé qu’il y avait des raisons de soupçonner M. Page de travailler comme agent pour la Russie.