Le social-démocrate, Zoran Zaev (ici le 10 mars lors d'un meeting) s’est fixé comme objectif une adhésion « aussi rapide que possible » à l’Union européenne et avec l’Otan. | Boris Grdanoski/AP

Le Parlement macédonien a élu mercredi 31 mai le social-démocrate Zoran Zaev comme premier ministre, première étape vers une sortie de l’impasse politique dans laquelle la Macédoine se trouve depuis deux ans. Cet économiste de 42 ans, opposant de longue date à la droite de Nikola Gruevski (VMRO-DPMNE, organisation révolutionnaire macédonienne intérieure-Parti démocratique pour l’unité nationale macédonienne), a obtenu le soutien de 62 députés du Parlement – ceux de son parti et ceux des principales formations représentant la minorité albanaise –, qui compte 120 sièges. Ce nouveau gouvernement a donc été mis en place près de six mois après les élections législatives de décembre.

La droite, qui détenait le pouvoir depuis 2006 et refusait de l’abandonner, accuse les sociaux-démocrates de mettre en danger l’unité nationale macédonienne en acceptant des revendications des partis de la minorité albanaise. Paroxysme de la crise, une centaine de ses militants avaient même fait irruption au Parlement le 27 avril, rouant de coups plusieurs députés, dont Zoran Zaev, l’Albanais Ziadin Sela et celle qui est désormais ministre de la défense, Radmila Secerinska.

Les partis albanais, qui disposent de huit des 25 ministères, réclament en particulier que l’albanais devienne une langue officielle sur tout le territoire national, et non seulement dans les zones de fort peuplement albanais. Le président du Parlement, Talat Xhaferi, a clairement exprimé l’importance de cette revendication mardi en ouvrant en albanais la session pour l’élection de Zoran Zaev. Il est ensuite revenu au macédonien, expliquant qu’il attendrait « qu’une nouvelle loi linguistique soit adoptée ».

Un gouvernement pro Union européenne

L’accession au pouvoir de Zoran Zaev semble par ailleurs susceptible de relancer le processus de rapprochement de la Macédoine avec l’Union européenne et avec l’OTAN, qui était gelé sous le pouvoir précédent. Mardi, devant les députés, Zoran Zaev s’est fixé comme objectif une adhésion « aussi rapide que possible » aux deux organisations.

L’éloignement de la Macédoine du bloc occidental a débuté en 2008 quand la Grèce a mis son veto à l’adhésion à l’OTAN de son petit voisin. En cause, le conflit entre les deux pays sur le nom de la Macédoine. Athènes dénie à Skopje le droit d’utiliser ce nom, considérant que la Macédoine est le nom d’une de ses provinces.

Cet éloignement de la Macédoine a été accru par la longue crise politique qui a débuté en 2015 par la publication d’enregistrements clandestins semblant démontrer des faits de corruption impliquant jusqu’à Nikola Gruevski. Pour la gauche, la résistance de la droite à l’alternance politique s’explique par les craintes de ses principaux responsables, dont Nikola Gruevski, de se retrouver aux prises avec la justice.