« Revers majeur », « victoire des nationalistes », « préjudice », « isolationnisme insensé » : les termes péjoratifs étaient légion dans la presse américaine, jeudi 1er juin, après l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris.

Tout en rappelant que cette sortie de l’accord de Paris était l’une des promesses de campagne de Donald Trump, le New York Times estime que cette décision est un « revers majeur » pour la lutte contre le réchauffement climatique. Pour le journal, elle s’inscrit comme un « rejet remarquable des chefs d’Etat, des dirigeants d’entreprises et des militants écologistes ».

La version californienne, le LA Times, écrit qu’avec cette sortie, leur « président grincheux » les mène sur le chemin de « la catastrophe irréversible ». Dans son éditorial, le quotidien analyse cette décision comme « un préjudice pour la réputation des Etats-Unis », qui aura également des conséquences néfastes au niveau national, et notamment pour les entreprises américaines et leurs employés, contrairement aux dires de Donald Trump, qui a justifié sa décision par la défense de l’emploi américain. Pour le LA Times, le président américain amène ce qu’il y a de « mauvais et de pire » :

« Quelle meilleure preuve qu’il est irresponsable et casse-cou, et que ses politiques sont démoralisantes, suicidaires et effrayantes, que le fait qu’il s’enferme dans un isolationnisme insensé. »

Un constat partagé par David A. Andelman, d’USA Today, qui publie une tribune sur CNN. « “L’Amérique d’abord” devient de plus en plus l’Amérique seule », regrette-t-il, opposant les Etats-Unis au reste du monde.

Fox News, toujours à contre-courant

Le site Politico met, lui, en exergue l’absence d’Ivanka Trump et de son mari Jared Kushner, lors de la cérémonie d’annonce à la Maison Blanche. Il rappelle alors que la fille du président américain a passé « cinq semaines de réunions sur le sujet », et inlassablement tenté de faire changer d’avis son paternel sur la question climatique. Politico questionne alors l’influence de ce couple de conseillers comme « modérateur ». A contrario, « son discours [à Donald Trump] fait écho à l’influence grandissante des nationalistes à la Maison Blanche, dont le stratège Steve Bannon. » Politico considère que cette décision est une « victoire » pour ce dernier et Scott Pruitt, le patron de l’Agence de l’environnement américaine, qui a dénoncé le « mauvais » accord de Paris sur le climat à de nombreuses reprises.

De son côté, le Washington Post met en avant les « contradictions du président » qui ne s’opposerait pas vraiment à l’accord de Paris en lui-même mais aux engagements de l’administration Obama en termes de diminution de gaz à effet de serre. Or, comme le rappelle le quotidien, chaque gouvernement peut choisir son propre niveau de réduction, et sans renégocier l’accord. En outre, tout en rappelant les inexactitudes et informations erronées du discours de Donald Trump, le Washington Post met en avant l’« impossible » renégociation proposée par Donald Trump : « Cela semble quasi impossible de rassembler tous les pays pour refonder l’accord de Paris, alors que ces derniers sont déjà en train de le mettre en œuvre. »

Comme on pouvait s’y attendre, une chaîne a été à contre-courant de la presse américaine. Sous la plume d’Erick Erickson, Fox News qualifie de « courageuse » et de « bonne » la décision de Donald Trump. Ainsi, la chaîne télévisée juge qu’il endosse la stature de « leader mondial », en « défiant la gauche, les médias, ses enfants et les leaders mondiaux ».

« La folle décision » de Donald Trump

En France, la nouvelle a également fait couler beaucoup d’encre. Pour Le Figaro, « Trump lance un défi à la planète » en se retirant de cet accord signé en 2015 à Paris lors de la COP21 et qui a pour objectif de limiter la hausse de la température moyenne mondiale.

« La folle décision des Etats-Unis » fait la Une du Parisien/Aujourd’hui en France. « La planète crève lentement d’asphyxie, mais Trump, lui, se retire de l’accord de Paris sur le climat, ratifié par 147 pays dont les Etats-Unis eux-mêmes », se désole Jean-Marie Montali dans son éditorial. Pour lui, « la décision de Trump est bien davantage qu’une énorme déception, bien plus qu’une très mauvaise nouvelle [y compris pour les Américains]. C’est une faute historique et criminelle contre la planète ».

La Une du journal Libération, le vendredi 2 juin 2017. | CAPTURE D'ECRAN / LIBERATION

« Goodbye America ». Le titre de Libération est englouti par une nappe de pétrole. En page intérieure, Libé estime que « Trump joue le bad COP ». Dans son éditorial, Christian Losson ne voit pas que du négatif dans la décision américaine. « Le monde ne peut être pris en otage et condamné au suicide collectif par une poignée de gourous gagnés par le syndrome de la secte Waco », écrit ce commentateur.

La Croix, sous la plume de Dominique Greiner, considère également que :

« La portée d’un tel accord est plus forte qu’on ne le pensait et [que] les rodomontades climato-sceptiques d’un Donald Trump ne peuvent rien y changer. La COP21 a permis d’engager un processus sur lequel il n’est guère possible de revenir, sauf à prétendre aller contre le sens de l’Histoire. »

Pour Les Echos, « Trump provoque le monde ». Mais, souligne l’éditorialiste du quotidien économique Jean-Francis Pécresse, « avec son climato-négationnisme de pacotille, Donald Trump se retrouve bien isolé ». « L’Accord de Paris, ce n’est pas moins d’emplois, mais plus d’emplois, assure-t-il. Alors, quand Donald Trump promet de faire d’une Amérique plus sale une Amérique plus grande, il ment. »