Les passants sont sommés de quitter les abords du London Bridge, dans la nuit du 3 au 4 juin à Londres. | NEIL HALL / REUTERS

Camionnette folle fonçant sur les passants, agressions au couteau contre des clients de pubs, scènes de chasse à l’homme et touristes en panique dans une ambiance d’hélicoptères en patrouille, de policiers en armes et d’ambulances fonçant toutes sirènes hurlantes. Les abords du London Bridge, zone d’intense vie nocturne à Londres, sont restés en état de siège toute la nuit du samedi 3 au dimanche 4 juin après l’attentat qui a causé la mort d’au moins six personnes et l’hospitalisation de plus de 30 blessés, dont un policier.

L’attaque, qualifiée par la police de « terroriste », intervient moins de deux semaines après l’attentat contre l’Arena de Manchester qui a fait 22 morts, et à cinq jours d’élections législatives cruciales.

Trois assaillants abattus

Tout a commencé peu après 22 heures lorsqu’une camionnette blanche venant du nord de Londres et fonçant probablement à près de 80 km/heure a zigzagué délibérément à la sortie du London Bridge, renversant plusieurs piétons. Les trois occupants du véhicule en sont ensuite sortis sur Borough High Street, l’artère qui prolonge le pont vers le sud, pour se ruer sur des consommateurs de bars et pubs du quartier de Borough market.

« J’ai vu une camionnette rouler en zigzag en tentant de faucher un maximum de personnes. Les gens essayaient d’échapper à la course du véhicule. J’ai ensuite essayé d’aider les blessés, des jeunes essentiellement », a raconté un témoin, Alessandro, à la BBC. « Trois hommes sont sortis avec des couteaux de 30 cm de long et ont commencé à poignarder des gens au hasard sur Borough High Street, a relaté un autre. J’ai vu une jeune fille touchée à la poitrine. »

Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient la police entrer dans des bars et des restaurants pour sommer sans ménagement les clients de se coucher sous les tables, en hurlant : « Baissez-vous, baissez-vous. »

Des coups de feu ont été entendus ensuite et la photo de deux hommes à terre dont l’un portait sur la poitrine des dispositifs ressemblant à des ceintures d’explosifs. Peu avant 4 heures, dimanche matin, la police a fait savoir que les trois auteurs de l’attentat avaient été abattus dans les huit minutes suivant l’attaque et que leurs ceintures d’explosifs étaient fausses. Selon Scotland Yard, il n’y aurait pas eu d’autres assaillants.

« Des policiers armés ont alors réagi très rapidement et courageusement et ont fait face aux trois suspects qui ont été abattus dans le Borough Market », a déclaré l’officier de police spéciale Mark Rowley. Les suspects portaient de fausses vestes explosives, a-t-il précisé.

Une zone hautement symbolique

La zone visée est hautement symbolique car London Bridge, le premier pont de Londres et le point de départ de son urbanisation, est historiquement à la capitale britannique ce que l’île de la Cité est à Paris.

Elle est aussi un haut lieu de tourisme, de divertissement et de transports, avec la gare très fréquentée de London Bridge et le Shard, le plus haut bâtiment du Royaume-Uni, et les bars de Borough Market. Les quartiers situés tant au sud qu’au nord du pont sont restés une partie de la nuit en état de siège, comme si la police cherchait à localiser d’autres suspects.

La police de Londres est intervenue sur le London Bridge, après l’attentat, le 3 juin. | DOMINIC LIPINSKI / AP

Outre les scènes de panique dans les bars, le quartier a vu des groupes entiers de passants défiler mains en l’air pour être contrôlés par les forces de l’ordre, munis de boucliers et de chiens, qui recherchaient d’éventuels d’autres auteurs. Tard dans la nuit, des touristes et autres fêtards erraient hagards ou à la recherche de leur chemin dans un quartier bouclé, alors que les bouches de métro étaient fermées et deux ponts – London Bridge et Southwark Bridge – quadrillés de voitures de police, restaient fermés à toute circulation.

Troisième attentat en moins de trois mois

La première ministre (conservatrice) Theresa May, ancienne ministre de l’intérieur, a qualifié les événements d’« affreux » et annoncé qu’elle présiderait dimanche matin une réunion de Cobra, le comité gouvernemental d’urgence. Quant à Sadiq Khan, le maire (travailliste) de Londres, il a condamné ces actes « barbares » visant « lâchement des Londoniens innocents et des visiteurs ». L’officier Rowley a annoncé que « des policiers supplémentaires seront déployés dans la capitale anglaise dans les prochains jours ».

Le modus operandi de l’attaque de samedi rappelle de façon troublante celui de l’attentat perpétré dans le quartier de Westminster le 22 mars. Khalid Masood, un Britannique de 52 ans né dans le Kent et converti à l’islam avait renversé des piétons sur le pont de Westminster avant de tuer au couteau un policier en faction non armé devant le Parlement et d’être abattu. L’enquête a privilégié jusqu’à présent la thèse selon laquelle Khalid Masood était un « loup solitaire » ayant agi seul.

Très différent semble avoir été le scénario de l’attentat à la bombe de Manchester perpétré le 22 mai. Son auteur, Salman Abedi, 21 ans, était impliqué dans la guerre civile libyenne et les policiers restent persuadés qu’il n’a pas pu fabriquer seul la bombe qu’il a fait exploser à la sortie d’un concert d’Ariana Grande. La chanteuse américaine doit d’ailleurs donner, dimanche 4 juin, un concert à Manchester en hommage aux victimes et au profit de leurs familles.