Des officiers de police patrouillent à Londres, dimanche 4 juin. | Frank Augstein / AP

Les effectifs policiers du Royaume-Uni sont-ils suffisants pour répondre à la menace terroriste ? Deux jours après l’attentat de Londres, le troisième en moins de trois mois, le pays s’interroge sur les réductions du nombre de policiers, après la publication par le journal The Times d’un graphique montrant son évolution depuis 2009.

En sept ans, le nombre de policiers britanniques armés serait passé de 6 906 à 5 639, selon ces données. Dans le même temps, le nombre d’officiers de police en Angleterre et au Pays de Galle a connu un pic en 2009 avec 144 353 membres, contre 122 859 policiers en 2016.

Des chiffres qui font vivement réagir les responsables de l’opposition, lundi 5 juin. En pleine campagne pour les élections législatives, Jeremy Corbyn, le leader du parti travailliste, a estimé que le gouvernement ne « pouvait pas protéger la population en faisant des économies sur la police et que les services de sécurité devait avoir les ressources dont ils ont besoin ».

Le chef de file du Labour a même appelé à la démission de la première ministre, Theresa May, qui a mené la vaste réforme de la police alors qu’elle était secrétaire d’Etat à l’intérieur sous l’autorité de David Cameron. Relancé sur le sujet, M. Corbyn a ajouté: « nous avons une élection jeudi et c’est sans doute l’occasion de s’en occuper ».

Un avis partagé par Tim Farron, le leader du parti libéral-démocrate. « Theresa May demande [au peuple britannique] de lui faire confiance sur leur sécurité, mais la vérité est que le ministère de l’intérieur a réduit le nombre de policiers armés et réduit les effectifs de la police communautaire », a-t-il affirmé.

« Nous avons préservé les budgets »

Interrogée sur le sujet par la presse, Theresa May a renvoyé les critiques dos à dos, estimant que, « depuis 2015, nous avons préservé les budgets de la police, malgré le fait que le parti de Jeremy Corbyn ait réclamé d’importantes réductions budgétaires dans ce domaine ». « N’importe quel responsable de service policier voudrait plus de moyens », a-t-elle encore affirmé, soulignant que les budgets des services du contre-terrorisme restent « inchangés ».

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Theresa May a également mis en avant le fait que son gouvernement avait renforcé « les moyens d’action » des policiers en service, rappelant au passage qu’elle s’était déjà prononcée par le passé « absolument en faveur du “shoot to kill” », cette politique de « tirer pour tuer » les terroristes.

Mais l’ancien responsable de Scotland Yard, Peter Kirkham, a accusé lundi sur Sky News le gouvernement britannique de « mentir sur les chiffres du nombre de policiers armés dans les rues », à la suite de l’attaque de Londres. Il a affirmé notamment que les services de police sont « en crise », du fait des coupures budgétaires importantes imposées par les autorités.

Après l’attentat à Manchester, la question des coupes budgétaires dans la police avait déjà été mise en avant. « Il faut que cela cesse », avait ainsi pressé le maire travailliste de Manchester, Andy Burnham, rappelant que 2 000 postes de policiers avaient été supprimés dans sa ville depuis 2010.