Lundi matin, la vie reprend sur le London Bridge. | Alastair Grant / AP

De nouvelles perquisitions ont eu lieu en Grande-Bretagne lundi 5 juin, ainsi que « plusieurs arrestations », a annoncé la police deux jours après l’attentat meurtrier survenu à Londres, revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI).

Samedi soir aux alentours de 22 heures, trois assaillants à bord d’une camionnette ont foncé dans la foule, à proximité du London Bridge, au cœur de Londres, puis attaqué des passants au couteau, faisant au moins sept morts, dont un Français, et 48 blessés.

Les trois assaillants, qui portaient de fausses ceintures explosives, ont été abattus par les policiers. A cinq jours d’élections cruciales pour le pays, il s’agit du troisième attentat qui frappe le Royaume-Uni en trois mois.

  • Comment s’est déroulée l’attaque ?

Les policiers ont été appelés à 22 h 08, heure locale, à la suite de témoignages faisant état d’une camionnette fonçant contre la foule sur le pont. Le véhicule s’est ensuite dirigé vers le marché couvert voisin du Borough Market, à quelques centaines de mètres.

Là, les trois assaillants ont quitté le véhicule, armés de couteaux, et se sont précipités dans des bars proches, particulièrement bondés en cette soirée de finale de Ligue des champions qui était diffusée dans les pubs. Plusieurs personnes ont été poignardées.

Les agresseurs ont été tués dans les huit minutes suivant le premier appel à la police, a précisé dimanche un porte-parole de Scotland Yard. Au total, huit policiers ont tiré au total une cinquantaine de balles pour les neutraliser, un nombre « sans précédent » – sachant que la plupart des policiers britanniques ne sont pas armés et qu’il est rare que les agents utilisent leurs armes à feu – s’expliquant par le fait que les trois assaillants portaient « ce qui ressemblait à des vestes explosives, qui se sont révélées fausses ». Un passant a été blessé par les balles des policiers, mais son pronostic vital n’est pas engagé.

  • Que sait-on des auteurs de l’attentat ?

L’attentat – qualifié de terroriste dans la soirée par le police londonienne – a été revendiqué par l’organisation Etat islamique dimanche soir.

Les enquêteurs ont annoncé qu’ils connaissaient l’identité des trois assaillants mais qu’ils attendaient la fin des opérations pour les divulguer. De nouvelles perquisitions ont été réalisées lundi à l’aube, donnant lieu à plusieurs arrestations. Elles se sont déroulées notamment dans les quartiers de Newham et Barking.

Dimanche, la police londonienne avait déjà procédé à 12 arrestations à Barking, un quartier multiethnique du grand Londres. Il s’agit de sept femmes et cinq hommes âgés de 19 à 60 ans. Un homme de 55 ans a ensuite été relâché sans être poursuivi.

  • Sept morts, dont un Français, 48 blessés dont 21 dans un état « grave »

L’attentat a fait sept victimes et blessé 48 personnes, dont 21 sont dans un état « grave », ont précisé les services de santé britanniques. Dimanche soir, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, a annoncé qu’un Français était mort dans l’attaque, sept autres blessés, et un porté disparu.

La seule victime officiellement identifiée lundi matin s’appelait Christine Archibald et était une ressortissante canadienne. Dans un communiqué, sa famille a appelé chacun à honorer sa mémoire en « faisant de sa communauté un meilleur endroit ».

Hormis les blessés légers, soignés sur place, 36 personnes ont été hospitalisées dans cinq établissements différents de la capitale britannique, et Theresa May s’est rendue dimanche au King’s College Hospital, au chevet de victimes.

Un membre de la police des transports, qui a tenté de s’interposer sans armes face aux assaillants, a été grièvement blessé au visage et à la jambe, mais ses jours ne sont pas en danger.

  • La première ministre Theresa May veut éviter la propagation de l’extrémisme

Après une réunion consacrée à la sécurité, Theresa May a pris la parole dimanche depuis Downing Street, soulignant que le pays faisait désormais face à « une nouvelle forme de menace » terroriste, où les attaquants « se copient les uns les autres », sans que les récentes attaques soient liées les unes aux autres, selon elle.

Battre l’idéologie islamiste « est l’un de grands défis de notre temps », a-t-elle relevé, estimant que la réponse ne pouvait pas être seulement les opérations antiterroristes permanentes mais devait aussi se jouer sur le terrain des idées et sur l’Internet « pour éviter la propagation de l’extrémisme et des opérations terroristes ».

Les élections législatives britanniques se dérouleront comme prévu jeudi 8 juin et la campagne électorale reprendra de façon normale lundi, a également annoncé Mme May.

  • De nombreux témoignages

Stations de métro et rue fermées, fêtards enfermés dans les bars et restaurants, voitures de police passant toutes sirènes hurlantes : les quartiers visés sont passés de la fête au cauchemar en quelques minutes.

« J’ai vu une camionnette rouler en zigzag en tentant de faucher un maximum de personnes. Les gens essayaient d’échapper à la course du véhicule », a raconté un témoin, Alessandro, sur la BBC. Holly Jones, une journaliste de la BBC présente sur le London Bridge lors de l’incident, assure que le véhicule se déplaçait à « près de 80 kilomètres [50 miles] à l’heure » et « a heurté environ cinq ou six personnes ».

Attentat de Londres : « Ils l’ont poignardée dix fois, peut-être quinze »
Durée : 01:39

Deux témoins ont affirmé à la BBC avoir entendu les assaillants crier : « c’est pour Allah ! » « Ils poignardaient tout le monde en criant : c’est pour Allah », a témoigné Gérard, un témoin qui dit avoir vu une jeune femme s’effondrer. Evoquant un « massacre », un autre témoin, Eric, précise lui aussi avoir entendu ce cri.

Comme pour chaque attentat, Facebook a activé son système de safety check qui permet aux personnes qui se trouvent dans la zone touchée de se signaler comme étant en sécurité. Les réactions internationales n’ont également pas tardé à affluer.

  • La troisième attaque en trois mois au Royaume-Uni

Cet attentat est le troisième en moins de trois mois en Grande-Bretagne : le 22 mars, à Londres, un homme avait aussi foncé sur la foule sur le pont de Westminster, tuant quatre personnes avant de poignarder à mort un policier. L’assaillant, Khalid Masood, un Britannique converti à l’islam, avait été tué.

Deux mois plus tard, un attentat a fait 22 morts et plus de 100 blessés le 22 mai à Manchester, lorsqu’un jeune Britannique d’origine libyenne s’est fait exploser à la sortie d’un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande. L’attentat de Manchester a été revendiqué par l’organisation djihadiste Etat islamique.

Après Manchester, Mme May avait relevé à son maximum le niveau d’alerte terroriste en Grande-Bretagne, avant de le ramener samedi dernier au niveau « critique », soit celui d’un attentat « hautement probable ». La police a annoncé dans la nuit que « des policiers supplémentaires seront déployés dans la capitale anglaise dans les prochains jours ».

Les Londoniens devaient s’attendre à voir davantage de policiers, armés et non armés, patrouiller dans les rues de la capitale. Des mesures de sécurité spécifiques seront également prises pour protéger le public sur les ponts de Londres.

  • Enquête ouverte en France

La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête pour « tentatives d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste », une procédure habituelle en raison de la présence de Français, victimes d’un acte terroriste à l’étranger.

Lors d’un entretien téléphonique, Emmanuel Macron et Theresa May « ont fait le point sur la situation des victimes et les premiers éléments de l’enquête » et Mme May s’est engagée à « donner toutes les informations sur les victimes [françaises] et à assurer la sécurité » des Français résidant à Londres, qui votaient ce dimanche pour les élections législatives en France.