La rixe avait éclaté dans le dortoir de l’université Abdul Wali Khan, dans la ville de Mardan, dans le nord-ouest du Pakistan. Mashal Khan, âgé de 23 ans, avait été dénudé, frappé, blessé par balle et jeté du deuxième étage par des centaines d’étudiants qui accusaient de blasphème cet étudiant en journalisme.

Ce meurtre particulièrement violent avait provoqué un tollé dans le pays. La Cour suprême avait ordonné la formation d’une commission d’enquête conjointe comprenant des policiers et des membres des agences du renseignement, qui doit rendre ses conclusions cette semaine. La police a de son côté rendu lundi 5 juin son rapport d’enquête, dans lequel elle conclut à l’innoncence de l’étudiant.

« Aucune preuve directe ni indirecte ne permet d’étayer les accusations de blasphème envers Mashal Khan, [ou ses amis] Abdullah et Zubair, » est-il écrit dans le rapport de 308 pages, dont l’Agence France-Presse a reçu une copie.

Une association étudiante soupçonnée

Les enquêteurs soupçonnent des membres d’une organisation estudiantine laïque de gauche, dont Mashal Khan faisait partie, la Fédération étudiante pachtoune, d’avoir prémédité le meurtre. Ils se seraient sentis menacés par ses prises de parole de plus en plus écoutées sur les hausses des frais de scolarité, et les soupçons de corruption au sein de l’université.

Le père de Mashal Khan, Muhammad Iqbal, a estimé devant la presse lundi que ces conclusions rendaient justice à son fils. « Cela prouve que mon fils n’était pas un blasphémateur, » a-t-il déclaré, réclamant un procès devant une cour militaire pour les suspects.

Le blasphème, sujet extrêmement sensible au Pakistan, pays musulman conservateur, est puni par des lois très sévères prévoyant jusqu’à la peine de mort. De simples accusations peuvent entraîner des lynchages et des meurtres. Les détracteurs de la loi soulignent qu’elle est régulièrement détournée et de fausses accusations utilisées pour régler des différends personnels ou faire taire les voix libérales. Au moins soixante-cinq personnes ont été assassinées par des zélotes pour des accusations de blasphème depuis 1990.