Le HomePod d’Apple a été présenté en ouveture de la WWDC, à San José (Californie), lundi 5 juin. | Marcio Jose Sanchez / AP

Face au succès d’Amazon sur le marché des assistants domestiques, Apple se devait de réagir. Lundi 5 juin, en ouverture de la WWDC, sa grande conférence annuelle destinée aux développeurs qui se tient cette semaine à San José (Californie), le groupe à la pomme a lancé sa riposte. Il a dévoilé HomePod, une enceinte connectée qui se contrôle avec la voix grâce au logiciel Siri et qui sera commercialisée en décembre.

Apple n’a cependant pas opté pour la confrontation directe avec le géant du commerce en ligne et son modèle Echo. Au lieu d’insister sur les fonctionnalités d’assistant personnel – noter un rendez-vous, envoyer un SMS ou effectuer une recherche sur Internet –, la société de Cupertino a en effet mis l’accent sur la musique. « Nous allons révolutionner la façon dont nous écoutons de la musique à la maison », prédit Tim Cook, son directeur général.

La marque assure ainsi que son enceinte offrira une qualité sonore nettement supérieure à celle des appareils à celle des appareils de la gamme Echo d’Amazon et du GoogleHome, l’assistant à commande vocale du moteur de recherche. « Les gens vont être impressionnés », s’enthousiasme M. Cook, interrogé à l’issue de la présentation par Bloomberg Television. Ce positionnement, couplé aux marges traditionnellement élevées d’Apple, se répercutera sur le prix de vente de l’HomePod : 349 dollars (310 euros), contre 179 dollars pour le modèle Echo de base et 129 dollars de GoogleHome.

Nombre croissant de fonctionnalités pour Amazon et Google

« Apple ne veut pas être comparé aux assistants d’Amazon et de Google, souligne Jan Dawson, analyste chez Jackdaw Research. Mais il veut jouer dans la même cour que Sonos, Bang & Olufsen et les autres enceintes haut de gamme. » Dans cette optique, le prix annoncé lundi « fait parfaitement sens », ajoute Carolina Milanesi, de Creative Strategies. A titre de comparaison, le modèle Sonos Play 3 coûte 299 dollars. « L’intégration de Siri sera un bonus pour les consommateurs qui veulent acheter une enceinte, et non pas la raison principale de l’achat », poursuit Mme Milanesi.

Cette stratégie permet aussi à Apple d’éviter la comparaison entre Siri et ses rivaux, le Google Assistant et Alexa d’Amazon. S’il a été lancé avant les autres, le programme a la réputation d’être moins performant. « Pourquoi Siri paraît si stupide ? », s’interrogeait en 2016 Walt Mossberg, un très influent chroniqueur américain. « L’aspect conversationnel est encore très limité, ce qui représente une importante lacune pour un produit avec lequel on ne peut interagir qu’avec la voix », renchérit M. Dawson.

Sur scène, les responsables d’Apple ont ainsi simplement évoqué quelques actions que permettra de remplir Siri. « Vous allez pouvoir faire beaucoup d’autres choses », a par la suite expliqué M. Cook à Bloomberg Television. Mais il n’a pas souhaité indiquer si l’HomePod permettra de passer un coup de téléphone ou de réserver un Uber, comme le proposent Echo et GoogleHome. Amazon et Google ont par ailleurs ouvert leur plate-forme aux développeurs extérieurs, leur permettant d’offrir un nombre croissant de fonctionnalités. Apple n’a pas encore évoqué ce sujet.

« L’important c’est d’être le meilleur »

Siri parle en revanche beaucoup plus de langues : 21 contre deux pour Alexa et seulement une pour le Google Assistant. Cela pourrait permettre à Apple de distribuer l’HomePod plus rapidement à l’international – au lancement, l’enceinte ne sera disponible qu’aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. L’Echo n’est pour le moment commercialisé que dans trois pays. Et Google va commencer à vendre Home en dehors des Etats-Unis, grâce à l’arrivée de quatre nouvelles langues.

C’est la première fois depuis avril 2015, avec la montre connectée Apple Watch, que le groupe à la pomme s’aventure sur une nouvelle catégorie de produits. L’objectif reste le même : bâtir de nouveaux relais de croissance, au-delà de l’iPhone, son smartphone vedette, qui représente environ les deux tiers de son chiffre d’affaires. Lors de son dernier exercice fiscal, clos en septembre 2016, Apple a accusé une baisse de ses recettes (– 8 %, à 215,6 milliards de dollars). Une première depuis 2001.

Le marché des assistants domestiques enregistre une forte croissance. Selon les estimations, Amazon a écoulé environ 10 millions d’Echo en trois ans. L’e-marchand assure que les ventes ont été multipliées par neuf pendant les dernières fêtes. Et selon DigiTimes, un magazine taïwanais proche des sous-traitants, dix millions d’unités supplémentaires devraient être commercialisées cette année. Le cabinet eMarketer estime par ailleurs que 36 millions d’Américains utiliseront un assistant domestique cette année. « L’important, ce n’est pas d’être le premier, c’est d’être le meilleur », rétorque M. Cook.