A l’aéroport de Doha, les passagers d’un vol annulé. | Hadi Mizban / AP

A partir de mardi 6 juin, la mention « annulé » figure sur les tableaux de vols à destination du Qatar dans plusieurs pays voisins ayant rompu leurs relations diplomatiques avec l’émirat. Décidée lundi, la suspension des vols aériens vers ou depuis Doha devait en effet entrer en vigueur dès le lendemain alors que des tentatives de médiation se poursuivent pour désamorcer la crise sans précédent autour d’un Qatar isolé.

Au total, six compagnies aériennes du Golfe et EgyptAir ont annoncé une suspension des vols « jusqu’à nouvel ordre ». L’Aviation civile saoudienne a par ailleurs interdit à partir de mardi aux compagnies aériennes du Qatar de survoler le royaume, ce qui devrait entraîner des déroutements, des retards et des surcoûts d’exploitation.

A ces interdictions de vol s’ajoutent des mesures économiques comme la fermeture de toutes les frontières terrestres et maritimes entre ces pays et le Qatar ainsi que des interdictions de survol aux compagnies aériennes qataries ou des restrictions aux déplacements des personnes.

Le Qatar tente l’apaisement

L’Arabie saoudite, le Yémen, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont invoqué des questions de sécurité nationale pour justifier la rupture des relations diplomatiques avec leur voisin. Ils l’accusent, en effet, de déstabiliser la région et de soutenir des « groupes terroristes », y compris Al-Qaida, l’organisation Etat islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans. Il lui est aussi reproché de ne pas prendre assez de distance avec l’Iran, grand rival de l’Arabie saoudite.

Dans la nuit de lundi à mardi, le Qatar a donné l’impression de chercher une issue à la crise, appelant à un « dialogue ouvert et honnête ». Dans un discours diffusé par la télévision Al-Jazira, le chef de la diplomatie de l’émirat, cheikh Mohamed Ben Abderrahmane Al-Thani, a assuré qu’il n’y aurait pas « d’escalade » de la part du Qatar.

Riche pays gazier à la politique étrangère controversée, le Qatar avait au départ réagi avec colère aux décisions annoncées par Riyad et ses alliés, les accusant de vouloir le mettre « sous tutelle » et de l’étouffer économiquement.

Médiateurs

Plusieurs pays ont, par ailleurs, essayé de jouer les médiateurs face à cette crise – la plus grave depuis la naissance en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG) –, comme le Koweït, qui n’a pas rompu ses relations avec le Qatar.

Alliés à la fois de Riyad et de Doha, les Etats-Unis avaient invité dès lundi les pays du Golfe à rester « unis », par la voix du secrétaire d’Etat Rex Tillerson. La Turquie, qui entretient des rapports étroits avec les monarchies du Golfe, a aussi prôné le dialogue.

Le Qatar héberge la plus grande base aérienne américaine dans la région, forte de 10 000 hommes et siège du commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient. Cette base est cruciale pour la lutte menée contre l’organisation djihadiste Etat islamique en Syrie et Irak par la coalition internationale menée par Washington et dont fait partie Doha.