James Comey, doit être entendu jeudi 8 juin au matin, devant le Congrès américain. REUTERS/Joshua Roberts/File Photo | Joshua Roberts / REUTERS

Après des semaines d’attente, l’audition de l’ancien directeur du FBI James Comey doit avoir lieu jeudi 8 juin au matin, devant le Congrès américain. Exceptionnellement retransmis en direct par les chaînes généralistes ABC, CBS et NBC, ce témoignage, qui devrait revenir sur les ingérences russes aux États-Unis, promet d’être un moment clé de la présidence déjà chaotique du président américain, Donald Trump.

Mais sans attendre cette audience publique, James Comey a donné le ton dès mercredi de sa déposition très attendue. Dans une déclaration écrite au Congrès, et publiée mercredi par la commission du renseignement du Sénat, James Comey affirme d’ores et déjà que Donald Trump lui a bien demandé d’abandonner l’enquête sur Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale mêlé à l’affaire de l’ingérence russe dans l’élection présidentielle. Une ligne rouge qui pourrait s’apparenter à une tentative d’entrave à la justice, un délit qui, selon des élus, justifierait l’ouverture d’une procédure de destitution contre le président américain.

« J’ai besoin de loyauté »

L’ancien homme fort du « Bureau » confirme également dans sa déclaration écrite qu’il a consigné dans des notes le contenu de ses conversations avec le président américain, comme l’avait rapporté plusieurs médias. Racontant ainsi une rencontre en tête à tête le 14 février dernier dans le bureau Ovale, M. Comey écrit que M. Trump lui a parlé de l’enquête sur Michael Flynn, son ex-conseiller à la sécurité nationale, et a affirmé :

« J’espère que vous pourrez trouver une façon d’abandonner cela, de lâcher Flynn. C’est un homme bien ».

Selon M. Comey, cette requête concernait toute investigation relative aux « fausses déclarations de M. Flynn concernant ses conversations avec l’ambassadeur russe en décembre », et non l’enquête plus large sur l’éventuelle collusion entre la Russie et la campagne du républicain. « C’était toutefois très inquiétant, étant donné le rôle du FBI comme service d’investigations indépendant », écrit M. Comey.

L’ancien directeur du FBI raconte aussi en détail un dîner du 27 janvier à la Maison Blanche, lors duquel Donald Trump lui aurait dit : « J’ai besoin de loyauté, je m’attends à de la loyauté ». « Je n’ai pas bougé, parlé ou changé l’expression de mon visage », écrit l’ancien grand policier, décrivant « un silence gênant ». Et quand le président, en fin de repas, l’a relancé sur la question de la loyauté, M. Comey a répondu qu’il « aurait toujours de l’honnêteté de sa part », acceptant ensuite la demande de M. Trump d’une « honnêteté loyale ».

Le président américain, qui a annoncé mercredi le nom du successeur de James Comey à la tête du FBI, n’a pas réagi à cette déclaration. Interrogé plus tôt dans la journée sur le sujet, M. Trump, qui aimerait tourner la page de cette affaire, qui paralyse sa présidence, avait répondu qu’il « souhaitait bonne chance » à James Comey pour son audition.