Encore favori des sondages il y a un mois et demi, le Parti conservateur de la première ministre Theresa May a perdu du terrain ces derniers jours. | POOL / REUTERS

Les Britanniques votent jeudi 8 juin lors des élections législatives anticipées provoquées par la première ministre conservatrice, Theresa May. Cette dernière nourrit ainsi l’espoir de renforcer sa position en vue des négociations pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, qui doivent s’ouvrir le 19 juin. Mais ces élections pourraient être plus difficiles à gagner que prévu pour la chef de gouvernement.

  • Les conservateurs jouent leur majorité parlementaire

Encore favoris des sondages il y a un mois et demi, les conservateurs (tories) ont perdu du terrain ces derniers jours – alors que Mme May a justement convoqué ces élections anticipées pour en gagner. Les tories détiennent actuellement 330 des 650 sièges des Communes – la chambre basse du Parlement –, soit une faible majorité absolue.

Mi-avril, les sondages britanniques donnaient les conservateurs largement gagnants face à leurs principaux adversaires, les travaillistes (Labour), avec plus de 20 points d’avance. C’est d’ailleurs cette confortable avance qui avait incité Mme May à déclencher des élections anticipées, et ce en dépit de son engagement à ne pas écourter la législature. Mais les dernières estimations donnent travaillistes et conservateurs au coude-à-coude. A tel point que l’institut de sondages YouGov estimait, lundi, que les conservateurs pourraient perdre leur majorité absolue, ce qui constituerait un énorme camouflet pour la dirigeante.

Cette chute dans l’opinion s’explique notamment par l’impopularité de la promesse de Mme May d’imposer les successions pour financer la dépendance des personnes âgées – mesure sur laquelle elle a dû partiellement reculer. Face à elle, le leader des travaillistes, Jeremy Corbyn, semble réussir à mobiliser l’électorat en sa faveur par son discours contre l’austérité.

  • Les travaillistes pourraient créer la surprise

Grâce à la campagne – jugée globalement réussie par les médias britanniques – de Jeremy Corbyn, la cote des travaillistes a connu une montée en flèche ces derniers jours, rattrapant celle des tories dans les sondages. Le Labour est actuellement représenté par 229 députés. Selon la dernière projection de YouGov lundi, ils pourraient passer à 268, faisant perdre aux conservateurs leur majorité absolue.

Le leader du Labour a notamment réussi à fédérer des électeurs de gauche démobilisés par la politique menée par l’ancien premier ministre travailliste Tony Blair, ainsi que des jeunes (73 % des 18-24 ans votent Labour), obtenant en moyenne 35 % des intentions de vote.

Mais sa position ambiguë sur le Brexit pourrait le faire trébucher dans la dernière ligne droite. S’exprimant très peu sur le sujet afin de ne pas braquer ses électeurs, profondément divisés, il plaide pour une « sortie de l’UE qui améliorerait l’économie du pays », tout en refusant de confirmer qu’une telle sortie aurait bien lieu s’il était élu premier ministre.

  • Le SNP espère renouveler son succès de 2015

Le SNP, principal parti indépendantiste écossais, fort de 54 députés sur les 59 alloués à l’Ecosse, espère confirmer le succès obtenu lors des dernières élections de 2015. Mais la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, chef du parti depuis 2014, tergiverse elle aussi quant à la position à adopter face au Brexit.

Farouchement opposé à une sortie de l’UE, le parti a légèrement infléchi sa ligne ces derniers jours. Alors qu’elle a appelé de nombreuses fois à la tenue d’un second référendum sur l’indépendance de l’Ecosse et de maintien dans l’UE à l’issue du processus, Nicola Sturgeon a préféré fustiger la politique d’austérité de Mme May dans la dernière ligne droite.

De quoi, selon les médias britanniques, d’une part se tailler une figure d’opposante forte, et d’autre part, éloigner les conservateurs écossais qui misent sur un discours antiréférendum. Plusieurs sondages estiment en effet que ces derniers pourraient ravir quelques sièges au SNP.

  • Les Lib-Dems parient sur la fin du Brexit

Seule formation politique nationale ouvertement hostile au Brexit, les libéraux-démocrates (Lib-Dems), qui disposent de 9 sièges au Parlement, espérent aussi tirer leur épingle du jeu. Leur objectif : viser les quelque 16 millions d’électeurs britanniques qui se sont prononcés il y a un an contre le divorce avec l’Union européenne en proposant un nouveau référendum sur le Brexit, une fois celui-ci négocié.

Mais, selon les sondeurs, ce pari est en passe d’échouer : les Britanniques semblent résignés à la sortie de l’Union européenne. Mais surtout, selon l’institut Kantar, celle-ci ne se situe plus en tête de leurs préoccupations, détrônée par l’avenir du service public de la santé. Seuls 12 % des électeurs probables ayant voté pour le « remain » lors du référendum sur l’UE envisagent de voter pour les Lib-Dems, contre 35 % pour les conservateurs et 41 % pour le Labour, selon Kantar, qui crédite le parti de 11 % d’intentions de vote.

Toutefois, avec le resserrement de l’écart entre les tories et le Labour observé ces derniers jours, la perspective d’un Parlement sans parti majoritaire s’est accrue, et avec elle la possibilité pour des partis tiers de jouer un rôle pivot dans une alliance. Mais les Lib-Dems ont par avance exclu toute coalition, que ce soit avec les conservateurs ou avec le Labour.