Dans cette succession interminable de films de superhéros, Wonder Woman, qui sort sur les écrans français mercredi 7 juin, représente la bonne surprise de l’année. Salué par la critique et le box-office américain, le film est le premier à mettre en scène, dans le rôle-titre, la célèbre héroïne de DC Comics. Petite séance de révision sur les fondamentaux de cette icône au pays des superhéros.

1 – L’histoire d’une Amazone aux Etats-Unis

Les aventures de Wonder Woman débutent sur l’île de Themyscira, surnommée île du paradis, où vit une société d’Amazones dirigée par la reine Hippolyte. Un jour, Steve Trevor, un pilote d’avion de l’armée américaine, s’écrase sur l’île et rencontre la princesse Diana, une jeune femme à la force surhumaine. Elevée par la reine comme sa propre fille, elle a en fait été créée par les dieux à base d’argile afin de lutter contre le mal.

Diana décide d’accompagner Steve Trevor aux Etats-Unis en tant qu’ambassadrice de son peuple, où elle découvrira un monde d’hommes et combattra le crime, tout en travaillant comme secrétaire sous le nom de Diana Prince.

2 – La plus célèbre des superhéroïnes

Wonder Woman à ses débuts en comics.

« Wonder Woman est la plus célèbre héroïne de tous les temps », s’enorgueillit DC sur son site :

« N’en déplaise aux Lara Croft, Buffy et autres princesses Disney du monde, aucune d’entre elles n’a été immortalisée sur autant de couvertures de magazines, n’a orné tant de t-shirts, ni vendu autant de comics, jouets et figurines que Wonder Woman. »

DC ne fait pas dans la demi-mesure, mais force est de constater que Wonder Woman, à l’échelle des superhéros tout du moins, est le personnage féminin le plus emblématique.

Dotée d’une force et d’une vitesse extraordinaires, équipée d’un lasso magique, de bracelets capables d’arrêter les balles et d’un avion invisible, elle découvre la guerre et l’amour, mais aussi les contradictions entre le message de paix qu’elle promeut et sa nature de guerrière.

3 – Un psychologue pour auteur

L’Américain William Moulton Marston, connu sous le pseudonyme de Charles Moulton, a donné naissance à Wonder Woman en 1941. Psychologue, diplômé de l’université d’Harvard, il est aussi connu pour avoir inventé un détecteur de mensonges – ce qui résonne avec le lasso magique de son héroïne, qui impose à ses victimes de dire la vérité.

Inspiré par les suffragettes, il admire les femmes fortes et pratique le polyamour. « Même les filles ne veulent pas être des filles puisque nos archétypes féminins manquent de force et de pouvoir », dit-il en 1943 dans la revue The American Scholar :

« Le remède évident est de créer un personnage féminin avec la force d’un Superman et l’allure d’une femme magnifique. »

Si Charles Moulton a eu l’idée du personnage et a scénarisé ses aventures jusqu’en 1947, c’est le dessinateur Harry G. Peter qui lui a donné vie sur le papier, et qui a créé le fameux costume de l’héroïne.

4 – Trois quarts de siècle dans l’univers DC

En 76 ans, l’allure de Wonder Woman dans les comics a fortement évolué.

C’est dans All Star Comics, édité par DC, que Wonder Woman voit le jour en 1941. L’héroïne connaît un succès immédiat, et les publications s’enchaînent, presque sans discontinuer, jusqu’à ce jour. La princesse Diana connaît les aléas de tous les héros de comics : les scénaristes et dessinateurs se remplacent, l’histoire est réécrite, sa jeunesse devient « Wonder Girl », et les péripéties se succèdent au gré du « multivers » ( l’ensemble des univers possibles dans une théorie physique donnée) cher à DC – l’héroïne est même tuée en 1987, avant de renaître peu après.

Wonder Woman tient une place importante dans l’univers de DC. Elle rejoint par exemple la Ligue de justice d’Amérique aux côtés de Superman, Batman, Flash ou encore Green Lantern. Elle vivra aussi une liaison avec Superman – dont naîtra une fille, comme on l’apprendra dans… The Dark Knight Strikes Again, une aventure de Batman signée Frank Miller.

5 – Une icône féministe controversée

Wonder Woman est souvent qualifiée d’icône féministe, mais c’est un peu vite oublier son histoire tourmentée. L’intention était pourtant claire dès le début : « Wonder Woman a été conçue par le docteur Marston dans le but de promouvoir auprès des jeunes un modèle de féminité forte, libre et courageuse pour combattre l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes », soulignait un communiqué de presse lors de la création du personnage.

« Conçue pour combattre l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes »

Mais après la mort de son auteur, Wonder Woman s’assagit peu à peu au fil des années et se range aux stéréotypes de genre, endossant des rôles de babysitter ou de mannequin. Elle est même assignée au rôle de secrétaire au sein de la Ligue de justice d’Amérique. L’évolution de son costume est aussi très parlante : il devient de plus en plus sexualisé au fil des décennies avant, dans les années 2000, que la pin-up ne cède à nouveau la place à la guerrière, avec un costume plus proche de l’armure.

Aujourd’hui encore, le personnage fait l’objet de polémiques. L’ONU a ainsi dû revenir sur sa décision, à l’automne dernier, de la nommer ambassadrice honoraire pour l’émancipation des femmes : elle était considérée comme trop sexualisée. Par ailleurs, fin 2016, Greg Rucka, un des auteurs de Wonder Woman, a publiquement annoncé la bisexualité du personnage, confirmant ce que pensaient déjà, depuis longtemps, de nombreux lecteurs.

6 – A l’écran, une héroïne à la traîne

Wonder Woman Spin Transformation and Lasso - First Season

Contrairement à ses acolytes Batman et Superman, Wonder Woman n’a pas connu énormément d’adaptations à l’écran, qu’il soit petit ou grand. Une série américaine, diffusée entre 1975 et 1979, a largement contribué à développer la notoriété de l’héroïne, avec Lynda Carter dans le rôle titre.

Wonder Woman est également apparue dans plusieurs dessins animés, notamment consacrés à la Ligue de Justice, mais sa première apparition sur grand écran dans un film date seulement de l’an dernier dans Batman v Superman : l’aube de la justice. La sortie mercredi 7 juin du film Wonder Woman marque donc une grande première, puisqu’elle devient enfin l’héroïne de son propre film.

7 – Un film acclamé par la presse et le public

Wonder Woman - Bande Annonce Officielle Origine (VF) - Gal Gadot

« Un chef d’œuvre du féminisme subversif », titre le Guardian, « le film le plus drôle de l’année », s’extasie le site spécialisé Quartz, « la superhéroïne dont Hollywood a besoin », salue le New York Times. Dans la presse spécialisée ou généraliste (Le Monde inclus), les critiques sont au moins favorables, si ce n’est dithyrambiques sur le film sorti il y a déjà quelques jours aux Etats-Unis. Et le public ne manque pas à l’appel : le film a pris immédiatement la tête du box-office et franchi les 100 millions de dollars sur le territoire américain dès son premier week-end.

Il s’agit du meilleur lancement de l’histoire d’Hollywood pour un film réalisé par une femme, Patty Jenkins, aussi connue pour avoir tourné Monster, sorti en 2003. L’actrice et mannequin israélienne Gal Gadot a été choisie pour incarner l’héroïne dans ses débuts, de l’île de Themyscira aux tourments de la première guerre mondiale.

Ce film était très attendu, le projet ruminant dans les cartons d’Hollywood depuis le milieu des années 2000. En 2005, un film Wonder Woman avait été annoncé, avec comme réalisateur Joss Whedon, connu pour avoir créé un autre personnage féminin d’ampleur, l’héroïne de la série Buffy contre les vampires. Mais ce projet prometteur n’avait finalement jamais vu le jour, au grand désarroi des fans.