Après le Liban, la Tunisie. La programmation du film américain Wonder Woman, réalisé par Patty Jenkins avec l’actrice israélienne Gal Gadot, a été « suspendue » par la justice tunisienne, le temps d’examiner une demande d’interdiction par un parti politique, a-t-on appris, mercredi 7 juin, auprès du parquet de Tunis.

Wonder Woman, dont l’actrice avait défendu à l’été 2014 sur sa page Facebook l’offensive meurtrière d’Israël contre l’enclave palestinienne de Gaza, était programmé à partir de jeudi après-midi dans au moins deux cinémas, à Tunis et à La Marsa, en banlieue nord de la capitale tunisienne.

Sa diffusion est toutefois « suspendue dans l’attente de l’examen », ce jeudi, de la demande d’interdiction introduite par le parti nationaliste Al-Chaab, a indiqué à l’AFP le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti. Une démarche identique d’une association de jeunes avocats a en revanche été rejetée, a-t-il ajouté. Dans un communiqué, le parti Al-Chaab s’est félicité de cette suspension. « Il faut poursuivre la mobilisation sur ce type d’affaire, comme sur tout ce qui touche à la normalisation avec l’entité sioniste », a-t-il ajouté.

Déprogrammé d’un festival à Alger

L’avant-première du film, prévue mercredi soir dans un cinéma du centre de Tunis, avait déjà été purement et simplement annulée, distributeur et autorités se rejetant la responsabilité. Le ministère de la culture a évoqué auprès de l’AFP une demande d’autorisation trop tardive. « Elle a été déposée il y a deux jours seulement. L’obtention d’un visa d’exploitation requiert un délai de huit jours, a affirmé une responsable de ce ministère. C’est une affaire purement administrative. »

Le distributeur, Lassaad Goubantini, a lui dénoncé une censure, en affirmant sortir d’un rendez-vous avec les responsables de ce même ministère. « C’est une décision qui se base sur des accusations bidons. Aujourd’hui, ils empêchent un film à cause d’une actrice, demain ils inventeront une autre excuse, c’est une atteinte aux libertés », a déclaré à l’AFP M. Goubantini.

Le 1er juin, le Liban avait lui aussi interdit la diffusion de Wonder Woman, en raison de la présence de l’actrice israélienne dont les positions en faveur de l’offensive de l’Etat juif à Gaza font grincer des dents dans le monde arabe. Le film a en outre été déprogrammé dimanche d’un festival à Alger, où la perspective de sa diffusion avait enflammé les réseaux sociaux. Des projections sont en revanche prévues dans d’autres pays arabes, comme les Emirats arabes unis ou l’Egypte.