La route vers Figuig, au Maroc. | Inkey /CC BY 2.0.

Opération reportée. Les autorités algériennes ont annoncé mercredi 7 juin, qu’elles annulaient « provisoirement » l’accueil des Syriens bloqués à la frontière avec le Maroc. « Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) n’a pas été en mesure d’aboutir à une solution », s’est justifié le porte-parole du ministère des affaires étrangères algérien, Abdelaziz Benali Cherif. La raison de ce report ? Une délégation officielle, accompagnée de membre du HCR et du Croissant-Rouge, se trouvait à Béchar depuis dimanche, mais selon des militants algériens et marocains, Alger et Rabat ne se sont pas mis d’accord sur le lieu à partir duquel ces migrants devaient rejoindre la délégation algérienne. « Alger souhaite qu’ils passent par le poste frontière, fermé depuis 1994. Rabat veut qu’ils reprennent le chemin des passeurs qu’ils ont emprunté pour entrer », explique Fouad Hassan, syndicaliste algérien.

Conditions de vie aggravées

Ce nouveau blocage est inquiétant alors que depuis l’annonce d’Alger la semaine dernière, les conditions de vie de ces Syriens, dont plusieurs enfants, se sont aggravées. Le syndicaliste s’alarme des risques pour la vingtaine de Syriens qui sont toujours dans cette zone tampon désertique entre Figuig, au Maroc, et Béchar, en Algérie alors que près de la moitié du groupe a réussi à rejoindre le Maroc, avec l’aide des habitants. « Quand les Marocains ont compris que certains Syriens étaient passés, ils ont interdit aux habitants de Figuig d’apporter eau et nourriture aux migrants. Il fait 40°! Comment vont-ils tenir ? », s’emporte un militant qui demande à rester anonyme.

Depuis plusieurs années, des Syriens traversent le Sahara algérien vers la ville de Béchar, pour traverser ensuite la frontière avec le Maroc et tenter de rallier l’Europe. En 2014, plusieurs familles s’étaient déjà retrouvées bloquées à la frontière, mais à Oujda, plus au nord. « Il arrive régulièrement que des migrants syriens soit expulsés par un pays ou l’autre de l’autre côté de la frontière, mais un tel blocage, on ne l’avait jamais vu », estime un salarié d’une association qui travaille avec les migrants.

Hébergement et soins auraient dû être pris en charge

L’Algérie avait annoncé jeudi 1er juin qu’elle acceptait d’accueillir « à titre humanitaire » les Syriens bloqués depuis le 17 avril à la frontière. Les autorités algériennes assuraient alors qu’elles prendraient en charge l’hébergement et les soins nécessaires à ces Syriens et qu’elles leur permettraient, « si tel est leur souhait, de rejoindre d’autres membres de leurs familles, dans le cadre d’un regroupement familial dans d’autres pays ».

Pendant sept semaines, ce groupe de personnes de nationalité syrienne, dont au moins deux femmes enceintes et des enfants, étaient coincées dans cette zone dans des conditions précaires. « Ils dorment à la belle étoile et sont dans l’incapacité de demander l’asile », dénonçait dès le début du mois de mai l’organisation Human Rights Watch. Des ONG marocaine et algérienne de défense des droits humains critiquaient l’interdiction faite aux habitants de Figuig d’apporter de l’aide, notamment médicale, aux migrants. Ce n’est que le lendemain du communiqué publié par le HCR demandant aux deux pays de permettre « un passage immédiat et sécurisé » pour ces « réfugiés vulnérables », estimant que, pour une femme enceinte et son enfant à naître, il s’agissait d’une « question de vie ou de mort », qu’Alger avait réagi.