Ana Patricia Botin, la présidente de la banque Santander, en janvier. | JAVIER SORIANO / AFP

Un euro symbolique. C’est le prix payé, mercredi 7 juin, par la banque espagnole Santander pour absorber l’établissement financier en difficulté Banco Popular. La veille, la valeur boursière de celle qui était alors la sixième banque espagnole, avec plus de 1 700 agences et 11 000 salariés, était encore de 1,3 milliard d’euros. Mais sa situation a été jugée critique par les autorités européennes qui ont décidé d’appliquer pour la première fois le Mécanisme de résolution unique (MRU), créé en 2014 pour éviter la contagion des crises bancaires aux Etats et opérationnel depuis le 1er janvier 2016.

Minée par 37 milliards d’euros d’actifs toxiques hérités de la bulle immobilière et de la crise, incapable de freiner ses pertes (3,5 milliards d’euros en 2016), tardant à trouver une banque intéressée par son rachat, Banco Popular avait vu sa valeur boursière plongée de moitié en une semaine. L’établissement financier espagnol se trouvait « en situation de faillite ou faillite probable », a estimé la Commission européenne. « La détérioration significative de la liquidité de la banque ces derniers jours a conduit à déterminer que l’entité aurait, dans un futur proche, été incapable de rembourser ses dettes ou d’honorer d’autres engagements à leur date d’échéance », a renchéri la Banque centrale européenne (BCE).

Aucune aide publique

Afin d’éviter toute contagion, le Fonds unique de résolution européen (FUR) et le Fonds de restructuration bancaire espagnol (FROB) ont lancé un « appel d’offres » pour trouver un acheteur. Santander, l’une des principales banques européennes, a été sélectionnée après s’être engagé à réaliser une augmentation de capital de 7 milliards d’euros afin de couvrir la détérioration des actifs.

Aucune aide publique n’a été concédée. Dépôts et épargnes des clients sont préservés. L’activité est maintenue. En revanche, les quelque 300 000 actionnaires, ainsi que les détenteurs de dettes subordonnées et hybrides, ont perdu la totalité de leur investissement.

La présidente de Santander, Ana Patricia Botin, s’est félicitée d’une « opération qui fait de Santander la première banque en Espagne, la plus grande en part de marché de crédits et dépôts, avec 17 millions de clients ». Elle se donne un mois pour réaliser l’augmentation de capitaux promise, et dix-huit mois pour se défaire de la moitié du portefeuille immobilier du Banco Popular.

« Protection maximale des épargnants »

Pour le ministre espagnol de l’économie, Luis de Guindos, « la décision annoncée par les autorités européennes est une bonne solution pour l’établissement, car cela implique la protection maximale des épargnants et la continuité de l’activité ». Luis de Guindos laisse entendre que c’est aussi une bonne opération pour l’Etat, puisqu’elle « s’effectue sans utiliser de ressources publiques et sans que se produise, par conséquent, une éventuelle contagion entre le risque souverain et bancaire, comme cela s’est produit dans le passé ».

Il y a cinq ans, l’Espagne avait dû demander une aide de 41 milliards d’euros à l’Union européenne pour sauver son secteur bancaire, affecté par les actifs toxiques immobiliers, et freiner l’escalade des taux d’intérêt de la dette souveraine, qui menaçait de faillite le royaume.

« La situation actuelle est très différente de celle de 2012, du fait de la bonne santé de l’ensemble du secteur financier et de l’économie espagnole en général, » a tenu à préciser M. de Guindos. Avec la « vente » de Banco Popular, le gouvernement entend enfin clore le processus de restructuration du secteur bancaire espagnol commencé en 2010.