Le président français Emmanuel Macron et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker lors de leur rencontre à Bruxelles le 25 mai. | AURORE BELOT / AFP

En proposant de muscler la révision de la directive sur le travail détaché, en discussion à Bruxelles depuis plus d’un an, Emmanuel Macron risque de braquer encore davantage les pays de l’est de l’Union européenne, déjà très remontés. « Ils font du travail détaché une question de principe, ils ne changeront pas d’avis », s’inquiète un diplomate au fait des tractations sur le texte à Bruxelles.

Déjà, en 2016, la Pologne et 10 autres pays membres (Hongrie, République tchèque, Bulgarie, Roumanie, etc.) avaient tenté d’opposer leur veto à la révision de la directive que proposait alors la Commission. Pour ces Etats, le texte initial, datant de 1996, est l’un des piliers du marché unique, garant de la libre prestation de service, permettant à des employeurs d’envoyer des salariés travailler temporairement ailleurs dans l’Union sans entraves.

Pas question « de mettre à l’index » des pays

Mais la Commission, soucieuse de faire évoluer une loi datant d’avant l’élargissement à l’Est, et consciente que le dumping social nourrissait un fort sentiment antieuropéen à l’Ouest, était passée outre leurs préventions, en maintenant son texte. Les Français ont-ils à leur tour décidé d’aller au bras de fer ? Non, assure une source proche du dossier.

Ils parieraient davantage sur la conviction. « Nous ne sommes pas du tout contre le marché intérieur, nous ne voulons pas tuer la directive sur le travail détaché », aurait assuré, en réunion d’ambassadeurs à vingt-huit le représentant de Paris, la semaine dernière. « L’idée, c’est que les pays de l’Est comprennent qu’il est dans leur intérêt de ne pas bloquer une révision de la directive, sinon, leur opposition finira par la tuer et entamer la libre circulation des travailleurs dans l’Union », souligne un diplomate. « Il faut qu’ils sortent de cette caricature du plombier polonais ».

Emmanuel Macron semble avoir pris la mesure de la délicate tâche qui l’attend. « Aujourd’hui, le fonctionnement du travail détaché en France affaiblit le soutien à l’Europe », mais pas question de « mettre à l’index » des pays, avait-il déclaré à la suite de sa rencontre avec le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, à Bruxelles, le 25 mai.