Célébration de la victoire aux élections anticipées du 27 septembre 2015 de la liste commune réunissant nationalistes et indépendantistes Junts Pel Sí (« Ensemble pour le oui »). | EMILIO MORENATTI / AP

Le président du gouvernement de Catalogne, Carles Puigdemont, a annoncé vendredi 9 juin la tenue d’un référendum d’autodétermination unilatéral le 1er octobre. Les indépendantistes font ainsi un nouveau pas vers la sécession de la région, plongée depuis 2012 dans une grave crise politique avec Madrid.

Retour sur ce qui a conduit les nationalistes catalans, jusque-là prompts à demander toujours plus d’autonomie mais dans un cadre espagnol, à se rallier à l’indépendantisme. Quitte à défier les lois espagnoles…

  • 2006 : un nouveau statut d’autonomie

L’Estatut, le nouveau statut d’autonomie qui reconnaît notamment la « Nation » catalane est approuvé au Parlement espagnol et validé par référendum en Catalogne. Mais le Parti populaire (PP, droite) dépose un recours devant le Tribunal constitutionnel.

  • 10 juillet 2010 : première grande manifestation

Première grande manifestation à Barcelone en faveur du « droit à décider » des Catalans, en réponse à la décision du Tribunal constitutionnel de raboter une partie de l’Estatut. Plus d’un million de personnes sortent dans la rue sous le slogan « Som una Nació. Nosaltres decidim » (« Nous sommes une Nation, nous décidons »).

  • 11 septembre 2012 : demande de référendum

Plusieurs centaines de milliers de personnes défilent pacifiquement à Barcelone en faveur d’un référendum d’indépendance et du « pacte fiscal » demandé par le président catalan, Artur Mas, c’est-à-dire de la capacité de la Catalogne à gérer les impôts prélevés dans la région.

  • 25 novembre 2012 : élections régionales anticipées

Après le rejet du pacte fiscal par le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, des élections régionales anticipées sont convoquées. Convergence et Union, la formation d’Artur Mas, perd des voix, mais remporte l’élection avec une nouvelle feuille de route : la construction d’un Etat catalan souverain.

  • 9 novembre 2014 : premier référendum sur l’indépendance

Malgré l’interdiction du Tribunal constitutionnel et l’opposition de Madrid, une consultation sur l’indépendance, présentée comme un « processus participatif » sans conséquence légale, est organisée en Catalogne : 80 % des votants expriment leur soutien à l’indépendance, mais le taux de participation se limite à 33 % des inscrits.

  • 27 septembre 2015 : Junts Pel Si en tête

Les nationalistes de Convergence démocratique de Catalogne (CDC) et les indépendantistes de la Gauche républicaine catalane (ERC), ainsi que des membres d’associations indépendantistes forment une liste commune, Junts Pel Sí (« Ensemble pour le oui »), lors de nouvelles élections anticipées, qualifiées de « plébiscitaires » par le gouvernement catalan. La liste remporte 39,6 % des voix et 62 députés.

  • 9 janvier 2016 : vers l’indépendance unilatérale

Grâce au soutien du mouvement séparatiste, europhobe et anticapitaliste Candidature d’unité populaire (CUP), qui a obtenu 8 % des voix et 10 députés, les indépendantistes obtiennent une majorité parlementaire qui leur permet de lancer une nouvelle feuille de route visant à déclarer l’indépendance dans les dix-huit mois. Ils affirment qu’ils n’obéiront qu’à la « légalité catalane ». La CUP a obtenu en échange le retrait d’Artur Mas. Carles Puigdemont est élu nouveau président de la Catalogne.

  • 13 mars 2017 : la justice condamne Artur Mas

L’ancien président catalan Artur Mas est condamné à deux ans d’interdiction d’exercer toute fonction publique élective et à une amende de 36 500 euros pour avoir organisé, le 9 novembre 2014, la « consultation populaire » sur l’indépendance de la région, malgré l’interdiction prononcée, cinq jours plus tôt, par la Cour constitutionnelle. L’ancienne vice-présidente du gouvernement catalan Joana Ortega et l’ancienne ministre régionale de l’éducation Irene Rigau ont également été condamnées, à six mois d’inéligibilité, en tant que « collaboratrices nécessaires ». Le vice-président Francesc Homs est condamné plus tard à un an et un mois d’inéligibilité.

  • 9 juin 2017 : annonce d’un nouveau référendum

Le président du gouvernement régional, Carles Puigdemont, annonce qu’un référendum d’autodétermination unilatéral sera organisé le dimanche 1er octobre, malgré l’opposition ferme du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy. Les Catalans devront répondre à la question : « Voulez-vous que la Catalogne soit un Etat indépendant sous la forme d’une république ? »