« Marcheurs », 2011. Fer à béton soudé (H40 x L20 x P20 cm). | Sitor Senghor

C’était un homme pieux, qui croyait en Dieu et en l’homme. Le sculpteur sénégalais Ndary Lo s’est éteint, jeudi 8 juin, à Lyon, à l’âge de 56 ans après s’être battu contre un cancer.

Né en 1961 à Tivaouane, Ndary Lo s’est lancé dans l’art comme on entre en religion, avec une foi qui déplace les montagnes. Dans ses premiers travaux, il récupère des ossements, des têtes de poupée et des capsules en plastique multicolores. Avant d’opter presque exclusivement pour le fer à béton. « Il ne récupérait pas par économie, ou parce qu’il ne saurait pas quoi prendre, mais pour donner une nouvelle vie à un objet qui a déjà servi », précise son galeriste parisien Sitor Senghor. Ses premières sculptures, qui représentent des familles de marcheurs élancés et filiformes, ne sont pas sans rappeler les bronzes du sculpteur suisse Alberto Giacometti, dont le célèbre Homme qui marche.

Portrait de Ndary Lo posant derrière sa sculpture "Les trois hommes qui marchent", en juin 2007. | Charles Jousselin/CC 2.0

Veilleur vigilant

Un motif apparaît souvent dans son travail : l’arbre, symbole de vie et de lutte contre la désertification. En 2008, il réalise La Muraille verte, dense forêt métallique qui remporte le Grand Prix de la Biennale de Dakar. Les branches de ses arbres se terminent parfois par des mains, allégorie d’une humanité qui doit puiser dans ses racines. Autre constante, les bras ouverts, geste qui évoque à la fois la prière et le remerciement. Un exemple monumental issu de la collection Blachère est actuellement exposé sur le parvis du Palais des papes, en Avignon, dans le cadre de l’exposition « Les éclaireurs ».

« Arbre des origines », 2013. Fer à béton soudé et mastic (H24 x L52 x P10 cm). | Sitor Senghor

Toujours aux aguets malgré la maladie, Ndary Lo a supervisé jusqu’au bout un catalogue que prépare la galerie Sitor. « Il s’enflammait même sur son lit d’hôpital, on pouvait discuter à bâtons rompus sur les textes du catalogue, confie Sitor Senghor. Il était vigilant, veillant à ce qu’il n’y ait pas de malentendu autour de son travail. » L’une de ses dernières œuvres représentait un groupe de marcheurs soudés, signe d’une Afrique en marche, optimiste, résolue, combative. Comme lui.