En 2016, Evangelia Kranioti, qui est née à ­Athènes en 1979, a beaucoup marché avec une caméra dans les rues de Rio de Janeiro, la nuit de préférence. Tantôt, elle captait à la volée ce qui se passait devant elle, dont des moments du carnaval. Tantôt, elle tournait des scènes avec l’un de ses personnages principaux, Luana Muniz, travesti maigre et nerveux au regard ­terrible, et un homme blême grimé en ange – un ange un peu trop lourd et incapable de ­voler. Elle a monté ces séquences en un film, Obscuro Barroco ; et en a tiré ensuite une ­installation en deux écrans et quelques photographies, présentée dans la galerie.

On s’assied dans le noir et on est très vite pris par la singularité des images, une certaine ­manière de jouer avec les effets et illusions que permet le numérique, la splendeur des nocturnes traversés de couleurs électriques. Chaque fois que le spectateur est sur le point de céder à la fascination, une rupture de ton et de lumière intervient, cassures d’abord déconcertantes dont la nécessité se comprend peu à peu. Entre fantasmes et mythologies d’une part, quotidien de l’autre, Kranioti crée une œuvre visuelle et sonore puissante.

L’extase doit être oubliée, Galerie Vincent Sator, 8, passage des Gravilliers, Paris 3e. Tél. : 01-42-78-04-84. Du mardi au samedi de 14 heures à 19 heures. Jusqu’au 24 juin. Galeriesator.com