Le gardien français Hugo Lloris lors de la défaite (2-1) des Bleus contre la Suède, vendredi 9 juin. | TT NEWS AGENCY / REUTERS

Il s’en mordrait presque les gants. Hagard, Hugo Lloris erre comme une âme en peine dans sa surface de réparation. Malgré un sprint désespéré vers sa cage désertée, le gardien et capitaine de l’équipe de France de football n’a pu rattraper son erreur fatale qui vient de sceller la défaite (2-1) de sa sélection contre la Suède, vendredi 9 juin, en match de qualification pour la Coupe du monde 2018, organisée en Russie. Dans les arrêts de jeu, sa mauvaise relance dans l’axe a permis à l’attaquant Ola Toivonen de marquer, depuis la ligne médiane, le but gaguesque et victorieux des Blagult à la Friends Arena de Solna, enceinte ultramoderne nichée dans la banlieue de Stockholm .

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Hugo Lloris, 30 ans, se souviendra toute sa vie de cette bourde commise le jour de son 89e match sous le maillot tricolore. Ironie du sort, cette « cagade » intervient alors que l’intéressé était devenu, le 2 juin, lors du triomphe (5-0) en amical face au Paraguay, le gardien français le plus sélectionné de l’histoire, battant le record de Fabien Barthez (87 apparitions, de 1994 à 2006). S’il a évité « d’accabler » le fautif, Didier Deschamps a du mal à digérer ce revers aux allures de sabordage.

Douze points à prendre

« C’est le scénario catastrophe », a soupiré le sélectionneur des Bleus. Cette sortie de route propulse en effet la Suède à la première place du groupe A, devant l’équipe de France, en vertu d’une meilleure différence de buts (+2). « Perdre dans ces circonstances, ça fait encore plus mal », a maugréé Deschamps, dont les joueurs menaient pourtant au score, grâce à une sublime demi-volée d’Olivier Giroud, avant de sombrer.

« Même un nul nous aurait obligés à prendre des points, a relevé le patron des Tricolores, qui en comptent désormais autant (13) que les Scandinaves. Il en reste douze à prendre. On devra cravacher encore plus dur pour atteindre notre objectif.  » Dans l’auditorium de la Friends Arena, le technicien s’est ingénié à rappeler le calendrier qui attend ses protégés afin de mieux souligner la gravité de l’instant.

Car en s’inclinant face à la Suède, qu’ils avaient pourtant battue (2-1) en novembre 2016, les Bleus se compliquent singulièrement la tâche avant de recevoir les Pays-Bas- vainqueurs (5-0) du Luxembourg et troisièmes de leur poule (avec 10 points), le 31 août, au Stade de France. Après ce duel anxiogène, ils devront encore disputer trois matchs qualificatifs, dont un déplacement périlleux en Bulgarie, le 7 octobre.

L’habitude de la seconde place

Le fiasco de Solna change profondément la donne pour des Tricolores qui s’attendaient à conforter leur avance en tête de la poule et à ainsi valider directement leur billet pour la Russie. Didier Deschamps peut d’autant plus tirer la sonnette d’alarme que l’équipe de France a pris, ces dernières années, la mauvaise habitude de terminer deuxième de son groupe et de passer par les barrages pour arracher sa qualification pour la Coupe du monde.

Ce fut le cas pour l’édition sud-africaine de 2010 avec l’épisode houleux de la main de Thierry Henry face à l’Irlande. Puis, il y eut le triomphe (3-0) contre l’Ukraine, à Saint-Denis, après une défaite (2-0) concédée à l’aller à Kiev, lors des barrages au Mondial brésilien de 2014. Et nul doute que les finalistes malheureux de l’Euro 2016 n’ont guère envie de revivre, en novembre, l’atmosphère irrespirable et tétanisante de ces matchs couperets.

« On savait que c’était un tournant dans ces qualifications. On a un petit train de retard maintenant sur la Suède, qui a son destin en main, même si on peut toujours inverser la tendance. On en est capable », a insisté l’attaquant Olivier Giroud, qui a inscrit, à Solna, son 27e but avec les Bleus, égalant ainsi le rendement de Karim Benzema, mis à l’écart par Deschamps depuis sa mise en examen, en novembre 2015, dans l’affaire du chantage présumé à la sextape fait à Mathieu Valbuena.

Une équipe « forte jusqu’au bout »

« Je garde la tête haute, j’ai toujours assumé mes erreurs. Cela fait partie du job », a déclaré, blême, Hugo Lloris. Alors qu’il n’avait jamais connu pareille mésaventure depuis ses débuts en sélection, en 2008, le portier a tenté de remobiliser ses coéquipiers. « Je sais que l’équipe de France restera forte jusqu’au bout », a-t-il lancé dans les couloirs de la Friends Arena.

Consterné par la tournure des événements, Didier Deschamps a invité ses joueurs à se projeter rapidement vers le match amical prévu contre l’Angleterre, mardi 13 juin, au Stade de France. « Le match contre l’Angleterre, il ne va pas changer le classement de la poule. Malheureusement, il s’est passé ce qu’il s’est passé », a fait remarquer le sélectionneur, désireux d’oublier au plus vite le fiasco de Solna.