Patrick Mennucci, député sortant vote au palais de la Bourse à Marseille, le 11 juin. | France Keyser / M.Y.O.P. pour "Le Monde"

« Ce n’est pas parce qu’il y a du bruit dans les médias que les gens votent… Ici, on ne voit pas toujours beaucoup d’électeurs ». Pierre-Henri Rolland, militant Les Républicains, préside, comme à chaque scrutin, le bureau 101, un des trois réunis dans le palais de la Bourse de Marseille, au cœur de la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône, où se présente le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon.

A 10 heures, la participation flirte ici avec les 4 %… On est loin des files d’attente constatées pendant la présidentielle. « On ne dépassera pas les 45 % ce soir », pronostique Patrick Mennucci, député socialiste sortant. « Dans ces bureaux, il y a aussi beaucoup d’électeurs musulmans… Comme nous sommes en plein ramadan, je pense qu’ils viendront plutôt en fin de journée », croit savoir le candidat.

Les rivalités d’une « campagne rude »

Après avoir déposé son bulletin face aux caméras, M. Mennucci joue l’étonnement. « Je suis le seul à voter dans ma circonscription, non ? », lance-t-il, en connaissant parfaitement la réponse. Tout au long de la campagne, il a dénoncé Jean-Luc Mélenchon comme « un parachuté » et Corinne Versini, la candidate LRM, comme « une Aixoise ». Ce dimanche, ses équipes collent encore des bandeaux jaune « A Marseille, on craint dégun » – traduire par « on ne craint personne » – sur les affiches de ses adversaires.

Face à ce duo, le député socialiste croit mollement en ses chances de réélection. « Ce que je ne maîtrise pas, c’est l’ampleur de la vague En Marche ! dans nos quartiers, s’interroge-t-il. Si je suis au deuxième tour, je peux gagner. » A l’extérieur, un léger différend oppose un assesseur de La France insoumise et un colleur d’affiche PS, accusé de recouvrir le portrait du candidat LFI sur ses panneaux électoraux. « On ne tient pas nos affiches une heure », rage l’assesseur, à bout « après une campagne rude ».

« Les habitants de ces quartiers font des législatives un enjeu local »

Dans l’immense hall du palais de la Bourse, l’ambiance est plus apaisée. Les électeurs défilent doucement sans se soucier de l’emballement médiatique autour de leur circonscription. « J’en ai marre de M. Mennucci dont je ne reçois les courriers que pendant les élections », estime Chérif, 42 ans, qui pense que « Jean-Luc Mélenchon portera mieux la voix des habitants ». « Je suis très content qu’il se présente ici », abonde Saïdi Youssouf, 35 ans, Comorien d’origine. La veille, comme quelques centaines d’autres Marseillais, il a manifesté contre le dérapage d’Emmanuel Macron sur le « kwassa-kwassa ». « Et M. Mélenchon a été le premier à prendre la parole », se réjouit-il.

« L’ennemi quand on est de gauche, ce n’est sûrement pas le PS », s’indigne de son côté Jean-Louis Guesdon, 61 ans, « ancien de l’extrême gauche » qui vient de déposer un bulletin Mennucci. « Ce qui est étonnant c’est de voir à quel point les habitants de ces quartiers font des législatives un enjeu local », analyse Pierre, fontainier de 51 ans. Lui vient de voter pour le leader de La France insoumise : « Une personnalité aussi fascinante qu’ambigüe mais dont a besoin à l’Assemblée nationale. »