Thierry Solère (LR) et Edouard Philippe, premier ministre, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le 5 juin 2017. | JACQUES DEMARTHON / AFP

A quoi vont-ils servir ? Depuis le soir de la défaite de François Fillon, les candidats du parti Les Républicains (LR) « macroncompatibles » s’imaginaient comme une force d’appoint. Si la majorité de La République en marche avait été étriquée, ils auraient pu aider le nouvel exécutif à faire passer des lois. Avec la majorité pléthorique qui se dessine, leur rôle devient beaucoup moins crucial. « Ils ont acheté du Macron à la hausse. Ils étaient marginaux au sein de la droite, ils vont être marginaux dans le dispositif de Macron et se voir offrir un plat de lentilles », ironise un dirigeant du parti.

Ce scénario avait été redouté par un des chefs de file de ces « constructifs ». « Un jeune président donne à la France une respiration, mais il ne faut pas qu’il gouverne tout seul. Il ne faut pas un parti unique », avait expliqué Jean-Pierre Raffarin sur BFM-TV, mercredi 7 juin avant d’ajouter qu’« il ne faudrait pas que les jeunes de la droite et du centre soient exclus de ce renouveau ». Avec une Assemblée aussi majoritaire, Emmanuel Macron n’a plus vraiment besoin de l’apport des députés de droite. « Il aura besoin de nous à un moment ou à un autre. C’est important d’avoir le soutien de députés extérieurs à son propre parti », analyse Franck Riester, candidat LR dans la 5e circonscription de Seine-et-Marne rejoint par Thierry Solère, candidat dans la 9circonscription des Hauts-de-Seine : « Il n’aura peut-être pas besoin de nous numériquement mais nous serons importants pour peser dans le débat médiatique, pour aider à faire évoluer les choses dans le pays. »

« Groupe soudé »

En signant un appel pour accepter la « main tendue » du nouveau président de la République, la plupart des candidats « constructifs » ont déjà été récompensés. M. Solère, M. Riester ou encore Laure de La Raudière (3circonscription d’Eure-et-Loir), Yves Jégo (3circonscription de Seine-et-Marne) n’ont pas eu de candidats LRM face à eux. Leurs prises de position très favorables à M. Macron ont servi le nouvel exécutif, qui voulait attirer les électeurs de droite. Une fois les échéances électorales terminées, le président voudra-t-il poursuivre la recomposition au sein de l’Assemblée en nommant ces députés LR à des postes à responsabilité ? Difficile de le prédire.

L’idée des macroncompatibles est maintenant d’imposer leur ligne au sein du futur groupe LR-UDI, notamment en tentant d’obliger les autres députés à voter la confiance au gouvernement. L’arrivée d’une large majorité LRM à l’Assemblée nationale a en tout cas paradoxalement rassuré les responsables LR, qui estiment que le risque d’une scission s’éloigne. « Plus la majorité est large, plus le groupe LR-UDI sera soudé face à elle », estime Brice Hortefeux. A moins que M. Macron continue à attirer certains avec des postes bien plus nourrissants que des plats de lentilles.