Le premier ministre Edouard Philippe a estimé, mardi 13 juin, qu’il existait « un risque extrêmement fort » que l’objectif de déficit public de 2,8 % du produit intérieur brut prévu pour 2017 soit dépassé, en raison des dépenses engagées en début d’année par le précédent gouvernement.

Un dérapage budgétaire est « probable, je pense même que c’est un risque extrêmement fort », a-t-il déclaré sur Franceinfo. « Avant de devenir premier ministre, j’avais des doutes. Maintenant que je suis premier ministre, j’ai des doutes encore plus sérieux », a-t-il insisté, rejetant la faute sur ses prédécesseurs.

« J’espère que le précédent gouvernement a intégré dans le budget 2017 l’ensemble (…) des décisions qu’il [a] prises dans le premier semestre, c’est-à-dire avant de passer la main. »

Edouard Philippe a ensuite affirmé qu’il « est assez facile dans les quelques mois qui précèdent une élection (…) de lâcher un certain nombre de décisions dures à tenir et ensuite ce (sont) les autres qui gèrent ».

Il pourrait y avoir « toute une série de mesures »

La Cour des comptes doit publier le 3 juillet, à la demande de Matignon, un rapport sur la situation des comptes publics qui servira de base à d’éventuels ajustements dans le pilotage du budget 2017. Celui-ci déterminera « si nous [sommes] sur une trajectoire qui permettait d’arriver à 2,8 % ou si nous (sommes) au-dessus ».

« Si nous sommes au-dessus, il va y avoir toute une série de mesures », a-t-il averti, ajoutant qu’il « pense qu’il n’y aura pas » de collectif budgétaire pour redresser les comptes. « L’objectif n’est pas de faire un collectif budgétaire », a-t-il affirmé, sans pour autant exclure cette hypothèse.

« Une fois qu’on aura le panorama complet, objectif, stabilisé de la situation budgétaire, il faudra qu’on regarde comment on passe la fin de l’année et ensuite comment on construit » la suite du quinquennat, a-t-il résumé.

De son côté, la Commission européenne a mis en garde la France fin mai, estimant que son déficit public resterait au-dessus du seuil des 3 % du PIB en 2017. Le gouvernement s’est engagé à ramener le déficit public à 2,8 % du produit intérieur brut (PIB) cette année, après 3,4 % en 2016 et 3,6 % en 2015, afin de repasser sous la barre fatidique des 3 % pour la première fois depuis 10 ans.