Quand tu te demandes comment tu vas escalader une pyramide. | Ubisoft

RIP l’industrie de la carte postale. Avec Assassin’s Creed Origins, prévu pour le 7 novembre prochain et révélé cette semaine lors du Salon du jeu vidéo de l’E3 à Los Angeles, Ubisoft semble parti pour établir un nouveau standard en matière de voyage et d’émerveillement. Nous avons pu l’essayer durant une trentaine de minutes sur Xbox One X.

Ce nouvel épisode marque un double retour. De la série, d’abord, après deux années d’interruption. Et ensuite aux cadres historiques lointains – son premier épisode se déroulait au temps des templiers. Assassin’s Creed Origins, qui se veut une préquelle à la saga, se déroule en Egypte antique, avec un effort de documentation particulièrement impressionnant, loin de nombreux jeux vidéo se contentant de clichés historiques.

Assassin's Creed Origins: E3 2017 Official World Premiere Gameplay Trailer [4K] | Ubisoft [US]

Le joueur incarne Medjay – son nom suggère qu’il s’agit d’un Medjaÿ, un habitant de la région du Nord du Soudan, qui a fourni un important contingent de soldats à l’armée égyptienne et apporté sa culture. Dans l’une des cinématiques, il est fait référence à Crocopolis, cité abritant le culte des Sobeks, les dieux crocodiles. C’est après avoir perdu deux statuettes à leur effigie lors d’un transport en bateau qu’un esclave se voit accusé par un prêtre sobek de vol – la mission de Medjay consistera à explorer les fonds de la baie pour les retrouver, et l’innocenter.

Première impression, sur la Xbox One X sur laquelle le jeu était systématiquement présenté, le ravissement des yeux est total. Les décors sont majestueux, les couleurs éclatantes, et le travail de reconstitution d’une ville d’Egypte antique fascinant, avec ses habitations en briques crues et torchis et ses passants qui parlent égyptien dans la rue.

A cheval dans une cité égyptienne de la région de Siwa. | Ubisoft

En mouvement, Assassin’s Creed Origins reprend de très nombreuses animations issues des épisodes précédents, donnant parfois un air de déjà-vu, même si, manette en main, le héros semble plus fluide à diriger. Des assassinats furtifs et brutaux aux sauts de la foi depuis les hauteurs de la ville, les codes de la saga restent globalement inchangés – à l’image de la surcouche d’indices visuels, particulièrement envahissante et briseuse d’immersion.

Le glaive et l’appareil photo

Jeu bac à sable, cet Assassin’s Creed Origins promet d’ores et déjà bien des manières de jouer, et d’en profiter. Ubisoft mettait en avant un mode « gladiateur » permettant d’apprécier le nouveau système de combat inspiré de Dark Souls : le timing, la position et l’envergure des armes jouent désormais un rôle crucial, rendant ces affrontements plus tactiques et exigeants, et aussi un peu patauds.

Mais c’est véritablement dans ses phases d’exploration que le jeu se fait grisant. Tantôt à cheval à travers les vallées arides, transformé en aigle à des dizaines de mètre en surplomb de la vieille cité, ou à la nage dans les profondeurs d’une baie turquoise, le nouveau jeu d’Ubisoft mêle ivresse des espaces, tourisme virtuel et immersion culturelle – une expérience en soi unique. La recette de la saga a dans l’ensemble peu évolué, d’après ce qu’il était possible de voir dans cette démonstration, mais il semble évident que les possibilités d’improvisation seront plus riches et nombreuses. Sans être une remise en question profonde de la série, dont la recette a été récemment réutilisée et dépoussiérée par Zelda : Breath of the Wild.

Le tourisme autrement : visiter l’Egypte transformé en aigle. Consultez notre brochure. | Ubisoft

Peut-être l’opposition entre ces déambulations grisantes et des phases de combat âpres, violentes, voire gores, seront-elles la principale limite d’un jeu tiraillé entre deux promesses bien différentes. C’est une expérience National Geographic autant qu’un titre parcouru par la jouissance martiale des combats frontaux, quelque part entre le glaive et l’appareil photo. Il s’agit du cœur de la saga, mais l’opposition entre les deux n’a jamais semblé aussi aiguë. Sans doute, aussi, parce que la promesse de voyage n’avait jamais été aussi belle.