L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Miguel, 14 ans, est déterminé à rester vivre avec sa mère, une femme instable et au chômage à qui l’on menace de retirer la garde de son fils. Le jeune garçon s’occupe de tout à la maison, tant et si bien qu’on se demande qui garde l’autre, qui est l’enfant de qui. Il y a, dans La Madre, l’évidente influence du cinéma des frères Dardenne : la caméra court après un corps épuisé mais qui ne peut arrêter de s’agiter car sa survie en dépend. Dans une banale banlieue espagnole, Miguel vole dans les épicieries, vend des paquets de mouchoirs à la sauvette pour récolter quelques euros et décide de s’enfuir lorsque les services sociaux frappent une nouvelle fois à sa porte.

Naturalisme minimal

C’est finalement un marathon qu’entame Miguel, abandonné à lui-même et ne suscitant que très peu d’empathie chez les adultes qu’il rencontre. Cette course pour la survie est captée dans un naturalisme minimal qui apparaît exagérément dépouillé, ne laissant aucune place pour un semblant d’aspérité qui viendrait agripper le spectateur. Il ne faut pas attendre longtemps pour se rendre compte que La Madre ne cherche jamais à faire autre chose qu’a méticuleusement cocher les cases de l’exercice de style dardennien.

Mais celui-ci s’arrête pourtant en bout de course et délaisse la matière mélodramatique au travail dans les meilleurs films des Dardenne. C’est d’autant plus dommageable que son sujet, l’attachement inconditionnel d’un fils pour une mère, donnait le sentiment que le film dansait sur un volcan émotionnel prêt à surgir à tout moment, mais qui se retrouve vite ravalé par une issue scénaristique qui agit comme un désaveu.

Trailer LA MADRE-Alberto Morais

Film espagnol, roumain et français d’Alberto Morais. Avec Javier Mendo, Laia Marull, Nieve de Medina (1 h 27). Sur le Web : alfamafilms.com/film/la-madre