Le PC des joueurs est remplacé par un petit boîtier – le Shadow – qui est relié à un data center à Marcoussis (Essonne). | DR

Et si le meilleur PC pour les jeux vidéo était virtuel ? C’est le pari de l’entreprise française Blade qui depuis le début de l’année offre à ses 5 000 premiers clients un service de PC hébergé dans le cloud (informatique dématérialisée), avec la garantie, précieuse pour les joueurs, de renouveler régulièrement le matériel afin de leur assurer les meilleures performances. Pour donner un nouvel élan à ce projet, la société a annoncé mercredi 14 juin une levée de fonds de 51 millions d’euros, la troisième et la plus importante depuis son lancement en 2015.

Concrètement, le PC des joueurs est remplacé par un petit boîtier – le Shadow – qui est relié à un data center à Marcoussis (Essonne). « Nous sommes capables de créer des ordinateurs à la volée, le temps d’une session, avec une expérience qui est la même que si vous aviez un PC à domicile, sans latence ni dégradation graphique », soutient Emmanuel Freund, l’un des cofondateurs de l’entreprise. Pour appuyer ses propos, il rappelle qu’une étude auprès des 500 premiers utilisateurs avait conclu à un taux de satisfaction de 85 %.

Le service, qui inclut une licence Windows, est proposé moyennant une formule d’abonnement commençant à 29,95 euros par mois pour les utilisateurs s’engageant pour une durée minimum d’un an, et monte à 44,95 euros pour la formule sans engagement.

Marché en croissance

Cibler le public des gamers fait sens. Dans un marché de l’ordinateur en déclin constant depuis cinq ans, le PC consacré aux jeux vidéos fait figure d’exception. Les revenus issus de ce segment de marché devraient passer de 6,7 milliards de dollars (5,9 milliards d’euros) en 2015 à plus de 9 milliards en 2020, selon Gartner. Le cabinet souligne, en effet, que les acheteurs de ce type de matériel se distinguent par un renouvellement plus régulier de leurs machines, avec des coûts unitaires bien plus élevés.

Mais pour Bruno Lakehal, analyste chez Gartner, l’attachement des gamers au modèle du PC classique pourrait mettre à mal les ambitions de Blade : « Ils aiment pouvoir rajouter eux-mêmes de la mémoire, changer leur carte graphique, voire “customiser” leur PC. Et puis il y a encore, en France au moins, un problème de perception du cloud, notamment au niveau de la sécurité. »

Surtout, M. Lakehal souligne le danger pour le français de voir un gros acteur du secteur venir le concurrencer : « L’idée de Blade est excellente, mais il y a un risque qu’un important constructeur se positionne sur ce segment, avec une capacité à s’y imposer rapidement. » C’est justement l’un des enjeux de cette levée de fonds pour Blade. « Il nous faut maintenant conquérir très vite des parts de marché et maintenir notre avance technologique », explique M. Freund, dont l’objectif est de conquérir 100 000 utilisateurs d’ici la fin 2018, principalement en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne.

Pour cela, elle entend également diversifier le profil de ses utilisateurs. Blade veut aussi bien s’adresser à des clients qui ont besoin de machines puissantes pour faire de la vidéo ou de la 3D, par exemple, qu’à des populations ayant besoin de solutions plus légères et stables, comme les seniors. De nouvelles formules d’abonnement devraient ainsi voir le jour prochainement.