Les salariés de Tati manifestent devant un magasin de l’enseigne, le 22 mai, à Lyon. | JEFF PACHOUD / AFP

Le sort de Tati se précise. Les candidats à la reprise de l’enseigne placée en redressement judiciaire début mai devaient déposer leurs offres définitives d’ici à mercredi 14 juin minuit.

Le 29 mai, le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) avait renvoyé le dossier en demandant aux repreneurs d’améliorer leurs offres pour minimiser le nombre de licenciements. Les 1 700 salariés d’Agora Distribution, structure du groupe Eram qui exploite Tati, Degrif Mania, Fabio Lucci et Gigastore, espèrent depuis avoir été entendus. Toutefois, le scénario d’une offre conjointe entre les deux principaux candidats a été écarté. Car toutes les enseignes étaient précisément « intéressées par les mêmes magasins, les meilleures adresses », rapporte une source proche du dossier.

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Pour l’heure, Gifi, premier candidat à la reprise de 120 magasins (dont 27 magasins exploités en franchise) et de 1 300 emplois, met la dernière main à son offre définitive. Babou, petit candidat à la reprise de Tati, peaufine également sa proposition, selon son directeur général, Thierry Morter. L’enseigne était jusqu’ici candidate à la reprise de six magasins situés en région parisienne. Seul le consortium créé par Stokomani et Centrakor a déposé son offre définitive mercredi 14 juin auprès des administrateurs judiciaires, d’après nos informations.

« Notre offre conjointe est solide, qualitative et pérenne pour les salariés Tati », fait valoir Delphine Mathez, présidente de Stokomani. L’enseigne de déstockage détenue par le fonds d’investissement Sagard depuis 2012 s’est alliée au spécialiste de la déco pour la maison, Centrakor, puis à la Foir’Fouille et Big Bazar, autre PME de la déco à petits prix. Sa dernière proposition porte sur 1 295 emplois et 98 magasins. Soit 40 emplois de plus que son offre initiale et dix points de vente supplémentaires.

Son dossier comprend également 41 offres de reclassement de salariés au sein des enseignes du consortium. En outre, ce dernier assure être en mesure de poursuivre l’activité de Dépôt Bingo (150 emplois) prestataire e-commerce de l’enseigne Tati, activité qui ne fait pas partie du périmètre de l’offre Gifi. Le candidat espère aussi satisfaire les salariés de l’enseigne en leur assurant que « Maxi Bazar exploitera l’enseigne Tati pour un minimum de dix ans ».

Cette chaîne de produits de décoration s’est portée candidate pour la reprise de 21 magasins (soit 330 emplois). Parmi eux figurent les « Tati » situés à Paris, boulevard Barbès, dans le 18e arrondissement. Fin mai, Gifi s’était lui aussi engagé à exploiter l’enseigne Tati pour un minimum d’un an. Il reprendra également les magasins de Barbès.

Deux ans pour relancer l’enseigne

Malgré la crise du marché de l’habillement et le diktat du petit prix Kiabi ou Primark, Philippe Ginestet, fondateur de l’enseigne Gifi, juge pouvoir relancer l’enseigne, être en mesure de reprendre les salariés du siège social de Tati situé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et injecter 80 millions d’euros dans la rénovation des points de vente. A en croire celui qui a « pour modèle » Jules Ouaki, fondateur de la solderie Tati en 1948 à Paris, deux ans suffisent pour relancer cette chaîne déficitaire, qui a accusé en 2016 des pertes opérationnelles de 60 millions d’euros pour 350 millions de chiffre d’affaires.

Le pourra-t-il ? Le consortium Stokomani, Foir’Fouille, Centrakor et Maxi Bazar vante, lui, les mérites de son offre. « En reprenant les magasins Tati, aucune des enseignes du consortium ne se met en danger. Chacune a proposé de reprendre des magasins qui lui ressemblent », assure Mme Mathez. Centrakor compte ainsi reprendre 49 magasins et 530 salariés. Foir’Fouille et Stokomani ont promis de reprendre chacun 14 points de vente, soit respectivement 130 et 120 salariés.

Le consortium s’est, en outre, engagé à proposer aux salariés non-repris les offres d’emploi ouvertes au sein des enseignes Stokomani, Centrakor, Big Bazar et Foir’Fouille. « Chaque année, à elles cinq, ces distributeurs créent 980 emplois », fait valoir un porte-parole.

L’argument sera-t-il entendu par les salariés Tati ? Les représentants du personnel doivent faire part de leur avis vendredi 16 juin. Le tribunal de commerce tiendra audience lundi 19 juin. Les juges devraient s’accorder quelques jours de réflexion pour rendre leur décision.