Film sur France 4 à 20 h 55

SUZANNE Bande Annonce (Sara Forestier - François Damiens - 2013)

Vingt-cinq ans de la vie d’une famille : c’est ce qu’a voulu raconter Katell Quillévéré dans Suzanne, son deuxième long-métrage. Il y a là Nicolas, le père (François ­Damiens), un chauffeur routier d’autant plus attentif à ses deux filles qu’il est veuf ; Maria (Adèle Haenel), la fille aînée, ­gentille et généreuse ; Suzanne (Sara Forestier), la cadette, plus fragile, plus secrète aussi ; et puis enfin, bientôt, il y aura Charlie, le fils de Suzanne, né de père inconnu.

Le film est divisé en quatre périodes, cinq même, si l’on y ajoute le prégénérique, où l’on voit Suzanne danser avec d’autres petites filles devant un parterre de parents énamourés.

Quelques années plus tard, on la retrouve avec son père et sa sœur dans l’appartement modeste où ils vivent tous les trois. Un trio fusionnel, apparemment heureux, jusqu’au jour où Nicolas et Maria apprennent que Suzanne attend un bébé. Trois vies qui basculent, Suzanne visiblement pas encore prête pour élever un enfant. Trop jeune, la vie à croquer à pleines dents devant elle. Et la voilà, un jour aux courses avec Maria et Charlie, qui tombe amoureuse de Julien, un jeune type qui semble tout savoir des secrets des chevaux.

Un film à éllipses

La force du destin. Irrépressible. Un tel besoin d’amour qu’elle n’a pas le choix, du moins est-ce ainsi que cela se passe : Suzanne largue les amarres familiales. ­Direction le grand large, l’aventure. L’inconnu. Il faudra vingt-cinq ans pour que Suzanne recolle les morceaux d’une vie éparse et chaotique.

Suzanne est d’abord et avant tout un film à ellipses où le hors-champ tient une place prépondérante. Ce parti pris place le spectateur dans la position assez peu habituelle d’être en quelque sorte le coscénariste de cette histoire. A lui, en fonction de sa propre vie, d’imaginer les pages volontairement laissées en blanc par Katell Quillévéré.

Sarah Forestier | Mars Distribution

Autre originalité de Suzanne : en dépit du titre, il ne s’agit pas d’un film centré sur un personnage principal. Si Suzanne en est la colonne vertébrale, les autres personnages n’ont rien de secondaire. Leurs vies s’entrecroisent, interagissent entre elles.

Reste le principal, sans lequel Suzanne ne serait pas ce qu’il est, un film émouvant et attachant : Sara Forestier et Adèle Haenel. Les deux sœurs. Deux actrices lumineuses et intenses.

Suzanne, de Katell Quillévéré. Avec Sara Forestier, Adèle Haenel (Fr., 2013, 95 min).