Lors de sa quinzième séance annuelle de questions-réponses intitulée « Ligne directe », durant laquelle les Russes sont invités à poser leurs questions directement au président, Vladimir Poutine a dû répondre sur tous les sujets qui intéressent ces concitoyens : la pauvreté, les décharges à ciel ouvert, le prix des médicaments ou l’art d’être grand-père.

Critiques inattendues

Cet exercice médiatique minutieusement rodé a, cette année, été troublé par une série de SMS malveillants affichés en direct à l’écran à l’intention de M. Poutine, qui n’a toujours pas annoncé s’il briguerait un quatrième mandat, à neuf mois de la présidentielle de 2018.

« Trois mandats présidentiels, c’est assez ! », « Quand cesserez-vous de violer la Constitution ? », « Quand rendrez-vous le pouvoir aux communistes ? », figuraient parmi les messages affichés dans un cadre bleu à droite de l’écran.

Ces questions n’ont pas été posées au président Poutine, et il n’a pas non plus été interrogé, après plus de trois heures d’émission, sur l’arrestation de plus de 1 720 manifestants sortis lundi 12 juin dans les rues à l’appel de l’opposant Alexeï Navalny pour protester contre la corruption des élites.

Retour de la croissance

La grande majorité des doléances ont porté cette année sur les difficultés économiques rencontrées par les habitants à travers la Russie, notamment en province : salaires minuscules, amateurisme des responsables locaux et inefficacité de l’administration, désastres écologiques et infrastructures inexistantes.

Plusieurs années de crise économique et monétaire, aggravée par la chute des prix du pétrole et les sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne, ont fait plonger le pouvoir d’achat et les revenus de la population.

« La récession est terminée », a insisté M. Poutine, reconnaissant néanmoins que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté avait augmenté de manière « préoccupante » dans le pays et promettant de travailler à l’amélioration du niveau de vie.

Le nombre de Russes vivant sous le seuil de pauvreté a approché l’an dernier 20 millions, plus de trois millions et demi de plus qu’en 2014. Un bond en arrière de dix ans en termes d’amélioration du niveau de vie après d’importants progrès au début des années 2000.

L’attitude des Etats-Unis

Ces réclamations surviennent au lendemain de l’adoption de nouvelles sanctions contre la Russie par le Sénat américain, décision vivement critiquée par M. Poutine et qui relève, selon lui, d’une politique d’« endiguement » de Washington à l’égard de Moscou. M. Poutine a néanmoins appelé les Etats-Unis à coopérer avec la Russie sur les principaux problèmes internationaux.

Interrogé sur l’ancien chef du FBI James Comey, limogé par Donald Trump en plein cœur d’une tempête politique sur une ingérence présumée du Kremlin dans la campagne présidentielle américaine, M. Poutine a répondu par la plaisanterie en comparant M. Comey à Edward Snowden, réfugié en Russie après ses révélations sur la surveillance de la NSA. « Si une enquête est ouverte à son encontre, nous sommes prêts à lui accorder l’asile politique en Russie. Il doit le savoir », a lancé le président russe.

Secret qu’il garde autour de sa vie de famille

Questionné sur le secret qu’il garde autour de sa vie de famille, le président russe a annoncé être grand-père de deux petits-enfants, révélant pour la première fois leur existence à la télévision russe. « En ce qui concerne mes petits-enfants, l’un va déjà au jardin d’enfants. Comprenez cela : je ne veux pas qu’ils grandissent comme des princes, je veux qu’ils grandissent comme des gens normaux », s’est expliqué le président russe, ajoutant que « l’un est né récemment ».