Manifestation contre l’austérité à Athènes, le 15 juin. | Petros Giannakouris / AP

« Nous avons évité le pire, la faillite », s’exclame Anna qui regarde les journaux sur la devanture d’un kiosque athénien au lendemain d’un énième Eurogroupe consacré à la Grèce. « Nous ne voulions pas revivre un été comme celui de 2015, lance la quadragénaire. Nos dirigeants nous promettent maintenant de la croissance, de baisser le chômage. Je reste pourtant assez pessimiste pour l’avenir. »

Du côté du gouvernement grec, l’optimisme était de rigueur. Alexis Tsipras s’est réjoui jeudi soir sur Twitter d’un « accord qui correspond aux sacrifices du peuple grec. Avec unité et détermination, nous allons vers une croissance juste et vers une guérison des blessures de la crise ». Le ministre des finances, Euclide Tsakalotos, a déclaré lors de la conférence de presse tenue après la réunion : « Il y a maintenant de la lumière au bout du tunnel (…). Nous sommes confiants, la Grèce va sortir du programme en août 2018. »

La presse grecque est plus mitigée

Vendredi matin, la presse grecque était plus mitigée. Pour le quotidien de gauche Efsyn, les Européens « ont donné un prêt et des engagements » : « L’Eurogroupe d’hier a démenti les Cassandre et un accord a été trouvé. La proposition française pour la croissance a été retenue et plus de temps a été donné pour le paiement de la dette. » Une analyse que ne partage pas le journal de centre gauche Ta Nea, qui titre « Beaucoup de mensonges pour un prêt ». Pour Ta Nea, il n’y a pas de quoi pavoiser : « Ils s’accordent sur un excédent budgétaire de 3,5 % jusqu’en 2022 et de 2 % jusqu’en 2060. Le FMI reste dans le programme sans donner d’argent. Et un souhait est formulé qu’il y ait un allégement de la dette après 2018. » Le quotidien Kathimerini (centre droit) adopte le même ton : « Le prêt met à l’abri le pays d’une faillite en juillet, mais la participation financière du FMI au programme et l’allégement de la dette, qui étaient les principaux objectifs de la partie grecque, sont renvoyés à plus tard. »

Jeudi en soirée, près de l’université d’économie à Athènes, Giorgos Kosivakis, libraire, ne croyait pas en « une bonne solution » à l’issue de cet Eurogroupe. « Les décisions qui concernent notre avenir se prennent à Bruxelles, comment voulez-vous encore croire en l’Europe et en la démocratie ?, s’interroge-t-il. Nous allons peut-être éviter une faillite mais quand est-ce que nous allons pouvoir souffler, quand est-ce que nous allons voir nos enfants ne plus s’inquiéter d’être au chômage ? »