Après les révélations, le 8 juin, par Francetvinfo de soupçons d’emplois fictifs visant une dizaine de salariés du MoDem entre 2009 et 2014, le site d’informations annonce, vendredi 16 juin, avoir eu accès aux contrats de travail et aux bulletins de salaire de huit d’entre eux, qui semblent attester qu’ils ont été rémunérés par le Parlement européen.

Francetvinfo explique que ces permanents du parti centriste ont été dans un premier temps recrutés à plein-temps par le parti puis « détachés auprès d’un eurodéputé » qui supportait alors entre 20 % et 80 % de leur salaire. Avant de retravailler à temps plein pour le MoDem à la fin du mandat de l’élu européen.

Le site détaille notamment l’exemple de la standardiste du parti, Sophie B., embauchée par le parti en 2001 et qui, après les élections européennes de 2009, devient l’assistante parlementaire de l’eurodéputée Nathalie Griesbeck. Mais Sophie B. restera en poste au siège du MoDem, à Paris, payée à 60 % par le Parlement européen pendant cinq ans. Francetvinfo cite également le cas de la chef de cabinet de François Bayrou, Karine Aouadj, rémunérée à 80 % par le Parlement alors qu’elle n’y a jamais travaillé, et que de nombreux témoignages, rapporte Francetvinfo, attestent sa présence permanente auprès du président du MoDem.

« Ça n’a jamais existé »

Le site s’appuie également sur les contrats de l’attachée de presse du parti, du responsable du pôle images, du directeur financier, du responsable de la formation des élus, ou encore de l’ancien responsable Web du MoDem, dont le témoignage a entraîné l’ouverture, le 9 juin, par le parquet de Paris, d’une enquête préliminaire pour « abus de confiance et recel de ce délit ».

Le président du parti François Bayrou conteste l’existence d’emploi fictif d’assistants parlementaires européens au sein du MoDem. « Ça n’a jamais existé », s’est défendu mercredi 14 juin, sur RTL, le ministre de la justice du gouvernement Philippe.

« Il y a eu des mi-temps, des collaborateurs qui étaient à mi-temps ou à tiers de temps ou à 60 % de leur temps, à temps partiel, travaillant avec des parlementaires européens et qui, pour l’autre mi-temps, avaient des responsabilités à l’intérieur de notre organisation. »

Ils étaient « payés en fonction de leur travail, par le MoDem et par le Parlement européen », s’est-il justifié. « Chaque fois que le temps devenait important, ils étaient pris en charge à 100 % » par le parti politique.

Une enquête préliminaire pour abus de confiance, visant 19 eurodéputés de tous bords, dont deux parlementaires du MoDem – notamment la ministre Marielle de Sarnez –, avait également été ouverte le 22 mars après le signalement effectué par une eurodéputée du Front national. Le cas des deux députés du MoDem a été joint à l’enquête ouverte le 9 juin.