Les responsables de la sécurité en Allemagne se sont mis d’accord sur une nouvelle série de mesures destinées à faciliter les enquêtes en matière de terrorisme, notamment concernant l’autorisation de l’utilisation de logiciels espions pour téléphones portables afin de permettre de surveiller les communications de suspects qui utilisent des messageries chiffrées, comme WhatsApp ou Signal.

Le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, et ses homologues au niveau des différents Etats allemands se sont mis d’accord pour demander au Parlement d’adopter une nouvelle loi qui leur permettrait d’utiliser des logiciels espions aux capacités élargies, capables d’intercepter des messages au moment où ils sont tapés dans ces applications – et donc avant qu’ils ne soient chiffrés. « Nous ne pouvons tolérer qu’il y ait des endroits qui soient, en pratique, en dehors des lois », a dit M. de Maizière mercredi 14 juin lors d’un déplacement à Dresde.

Utilisation sous conditions

L’Allemagne dispose d’une législation encadrant très strictement ces logiciels espions – dont l’utilisation est possible en France sous certaines conditions. Les textes actuels prévoient que les enquêteurs allemands peuvent avoir recours à ces logiciels pour surveiller appels et SMS, mais uniquement pour des affaires limitées à la criminalité organisée, au terrorisme et aux attaques informatiques. A la fin de 2016, le législateur a étendu les utilisations possibles à la « prévention de dangers imminents », une formulation floue critiquée à l’époque.

L’utilisation de logiciels espions reste un sujet controversé en Allemange, en partie en raison de l’histoire du pays, mais aussi parce que la police allemande a connu, au début des années 2000, un vaste scandale à la suite de la découverte d’un logiciel espion pour ordinateur utilisé illégalement par la police de Bavière. En 2008, la Cour constitutionnelle fédérale avait jugé que « l’intégrité des systèmes d’information » était un « droit fondamental », et que, comme les perquisitions, leur utilisation ne pouvait se faire que sur la base d’un mandat judiciaire.

Les ministres de l’intérieur ont également dit souhaiter que la prise d’empreintes digitales des migrants arrivant dans le pays débute à partir de l’âge de 6 ans, et non de 14 ans comme c’est le cas actuellement. Une proposition immédiatement dénoncée par le parti de gauche Die Linke et par plusieurs associations humanitaires.